Des combats impliquant l'armée yéménite, des membres présumés d'Al-Qaïda et des membres de tribus ont fait 42 morts et des dizaines de blessés vendredi dans le sud du Yémen, a-t-on appris samedi de sources locales, militaires et tribales.

À Dofas, des «éléments d'Al-Qaïda» munis d'armes automatiques ont attaqué vendredi une unité de l'armée, tuant deux colonels et quatre soldats et en blessant neuf autres, a déclaré à l'AFP un responsable militaire dans ce village situé à 15 km au sud de Zinjibar, la capitale de la province d'Abyane.

Zinjibar est, depuis deux mois, aux mains d'insurgés liés à Al-Qaïda.

Des médecins à l'hôpital militaire d'Aden, principale ville du sud du Yémen, ont confirmé ce bilan, tandis qu'un responsable local à Dofas a précisé que cinq membres d'Al-Qaïda avaient été tués et quatre autres blessés dans ces combats.

Dans une banlieue de l'est de Zinjibar, des combats ont opposé 200 membres d'une tribu du village côtier de Shaqra à «des éléments d'Al-Qaïda», a annoncé à l'AFP Abdallah Nasser al-Jadani, un haut responsable de la sécurité dans la région, précisant que 12 membres de la tribu avaient été tués et 20 autres blessés.

Selon des sources tribales, les combattants d'Al-Qaïda ont obligé les membres de la tribu à se réfugier dans un bâtiment public qu'ils contrôlaient. Trois des membres de la tribu sont morts dans un raid aérien de l'armée contre le bâtiment, les autres ont été abattus par les islamistes.

Les corps de 17 autres membres de la tribu ont été retirés samedi en milieu de journée des décombres du bâtiment public qui a été vendredi la cible de trois raids de l'armée, a indiqué à l'AFP une source tribale, dénonçant «un massacre perpétré par l'armée».

M. Jadani a admis que les victimes avaient été tuées «par erreur», ajoutant que l'armée avait visé par ses raids contre le bâtiment «les combattants d'Al-Qaïda, et non des civils».

Une source médicale à l'hôpital de la localité voisine de Jaar, contrôlée par les islamistes, a déclaré que les combats avaient fait deux morts et 14 blessés dans leurs rangs.

En outre, l'agence officielle Saba, citant une source des services de sécurité, a annoncé en soirée l'arrestation vendredi par l'armée d'un chef local d'Al-Qaïda, Saïd Omar Habibyate, «un dangereux élément du réseau» extrémiste, et «trois membres armés de ce réseau» près de Zinjibar.

Le 29 mai, des centaines d'hommes armés affiliés aux «Partisans de la Charia (loi islamique)», un groupe soupçonné d'entretenir des liens avec Al-Qaïda, avaient pris le contrôle de Zinjibar, poussant à l'exode ses habitants terrorisés.

Mais l'armée, avec le soutien de tribus jusqu'alors plutôt favorables à Al-Qaïda et une aide logistique des États-Unis, a commencé à reprendre du terrain.

Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), née d'une fusion des branches yéménite et saoudienne d'Al-Qaïda en janvier 2009, est active dans le sud et l'est du Yémen, où des attaques contre les forces de sécurité lui sont régulièrement attribuées.