Les Palestiniens sont prêts à assumer la responsabilité d'un État dans un avenir proche, a déclaré mardi Robert Serry, coordonnateur de l'ONU au Moyen-Orient, tandis que l'ambassadeur israélien a précisé qu'il faudrait d'abord des négociations.

La question de l'adhésion palestinienne à l'ONU sera abordée lors de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre.

«Les Palestiniens cherchent activement à devenir membres de l'ONU», a rappelé M. Serry lors d'un débat aux Nations unies sur le conflit israélo-palestinien, ajoutant qu'ils sont «prêts à assumer la responsabilité d'un État à chaque instant dans un avenir proche».

«Mais je crains que la solution de deux États (israélien et palestinien) ne puisse être garantie», a-t-il constaté.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé samedi que les Palestiniens étaient «contraints» de demander à l'ONU l'adhésion d'un État de Palestine, à cause du refus d'Israël de mettre fin aux colonisations et de négocier sur la base des frontières de 1967.

«Nous allons aux Nations unies parce que nous y sommes contraints et ce n'est pas une action unilatérale», a-t-il déclaré à l'ouverture d'une réunion ce week-end de l'ensemble des représentants diplomatiques palestiniens à Istanbul, lançant: «Ce qui est unilatéral, c'est la colonisation israélienne».

Mardi, l'ambassadeur israélien à l'ONU, Ron Prosor, s'est opposé à cette démarche: «Les actions unilatérales n'apporteront pas la paix dans la région. Comme une fausse idole, l'initiative palestinienne aux Nations unies peut sembler attirante pour certains. En fait, elle détourne l'attention de la vraie voie vers la paix», a-t-il dit.

M. Prosor a pris l'exemple du Soudan du Sud qui a acquis son indépendance le 9 juillet. «Les parties (le Soudan et le Soudan du Sud, ndlr) n'ont pas cherché des solutions instantanées. Elles se sont assises autour d'une table et ont négocié, parvenant à un accord mutuel», a-t-il dit.

L'ambassadeur israélien a encore ajouté que «sur la question d'un État juif, nous devons aussi être clairs: pour une paix durable, la reconnaissance par Israël d'un futur État palestinien doit se faire en même temps que la reconnaissance par les Palestiniens d'Israël comme État juif».

L'observateur permanent de la Palestine à l'ONU, Riyad Mansour, a estimé que «le moment est venu pour une Palestine indépendante». La solution, a-t-il répété, «est l'indépendance d'un État palestinien, avec Jérusalem-Est comme capitale, vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité, sur la base des frontières de 1967».

M. Mansour a rappelé que le Quartette (Union européenne, ONU, États unis, Russie) avait retenu comme objectif la fin des négociations israélo-palestiniennes en septembre. Or ces négociations sont totalement bloquées depuis fin 2010 après l'expiration du moratoire sur la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens.

La représentante permanente adjointe des États-Unis à l'ONU, Rosemary DiCarlo, a une fois de plus répété la position américaine. «Mon gouvernement a toujours été clair: le seul endroit où les questions liées au statut permanent (de la Palestine) peuvent être résolues, y compris celles des frontières et du territoire, est dans les négociations entre les parties, pas sur une place internationale comme les Nations unies».

Gérard Araud, ambassadeur français à l'ONU, a salué les travaux préparatoires des Palestiniens en vue de la constitution d'un État.

La volonté des Palestiniens d'être reconnus à l'ONU à l'automne a toutes les chances de se heurter au refus américain qui mettra son veto à une «recommandation» du Conseil de sécurité, indispensable pour qu'il y ait un vote à l'Assemblée générale. L'Allemagne serait aussi contre tandis que la France et la Grande-Bretagne seraient prêts à reconnaître la Palestine.