Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré mardi qu'il souhaitait visiter la bande de Gaza, gouvernée par le mouvement islamiste palestinien Hamas, et que la diplomatie turque examinait les possibilités d'organiser une telle visite.

«Si les conditions le permettent, je pense à visiter Gaza», a déclaré M. Erdogan à des journalistes. «Le ministère (turc) des Affaires étrangères va y travailler. Je souhaite faire une telle visite, en fonction du résultat» des contacts du ministère.

M. Erdogan a précisé qu'il souhaiterait entrer dans l'enclave palestinienne à la suite d'une visite en Égypte dont la date reste à déterminer.

La venue du chef du gouvernement turc dans la bande de Gaza serait de nature à aggraver les tensions actuelles entre la Turquie et Israël qui, comme l'Union européenne, les États-Unis et d'autres pays, considère le Hamas comme une organisation terroriste.

Les autorités israéliennes ont déjà réagi avec irritation à de précédents contacts d'Ankara avec le Hamas.

Les relations entre la Turquie et Israël, naguère deux alliés proches, se sont gravement détériorées au cours des dernières années, particulièrement après l'arraisonnement par la marine israélienne en mai 2010 d'une flottille de militants pro-palestiniens qui voulaient briser le blocus maritime imposé par Israël à la bande de Gaza.

Lors d'affrontements survenus sur le navire amiral de la flotte, le bateau turc Mavi Marmara, neuf militants turcs avaient été tués par les militaires israéliens.

L'affaire avait déclenché une grave crise diplomatique entre les deux pays. Ankara exige depuis des excuses d'Israël comme préalable à toute amélioration des relations. Le gouvernement israélien, notamment par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a jusqu'à présent exclu de présenter des excuses.

Mardi, un diplomate turc de haut rang a cependant exprimé l'espoir que la situation puisse se débloquer à brève échéance.

«Je serais surpris qu'il n'y ait pas d'excuses, alors qu'il y a des deux côtés la volonté politique de résoudre cette crise», a déclaré l'ambassadeur Özdem Sanberk, membre de la commission d'enquête de l'ONU sur l'affaire du Mavi Marmara. «On va vers une solution probablement vers la fin du mois», a-t-il estimé.

En juin, M. Erdogan a une nouvelle fois appelé Israël à lever ce qu'il a appelé «le blocus inhumain et illégal» de la bande de Gaza.

Le gouvernement islamo-conservateur turc estime par ailleurs qu'aucune solution pacifique ne pourra être trouvée entre Israël et les Palestiniens si le Hamas est exclu du processus.

Alors que le Hamas contrôle la bande de Gaza après en avoir chassé en 2007 ses rivaux du Fatah, la Cisjordanie est dirigée par l'Autorité palestinienne que préside Mahmoud Abbas, chef du Fatah et interlocuteur des puissances étrangères qui veulent relancer un processus de paix israélo-palestinien.

M. Erdogan s'est acquis un statut de héros dans les populations des pays arabes par ses fréquentes diatribes contre Israël. Il refuse que le Hamas soit qualifié de «terroriste» et estime qu'il s'agit d'un groupe de «combattants de la liberté qui luttent pour défendre leur terre».

Les relations entre la Turquie et Israël avaient commencé à se détériorer de manière visible après l'opération menée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza en décembre 2008 et janvier 2009.

L'offensive, lancée pour mettre fin aux tirs palestiniens de roquettes et d'obus de mortier sur le territoire israélien, qui s'étaient multipliés au cours des années précédentes, avait fait 1300 morts selon le bilan palestinien.