L'OTAN a transmis dimanche ses responsabilités aux autorités afghanes dans une première province afghane, celle de Bamyan (centre), lançant ainsi officiellement le processus dit «de transition» censé s'achever fin 2014 avec le départ des troupes de combat de la coalition.

«Une cérémonie s'est déroulée aujourd'hui (dimanche) au quartier-général de la police pour marquer la transition officielle des responsabilités des forces étrangères aux forces afghanes», a déclaré Siddiq Siddiqi, porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Le processus de transition, qui doit également commencer en juillet dans deux autres provinces et quatre villes, prévoit le transfert progressif des responsabilité de l'OTAN aux autorités afghanes d'ici à fin à 2014, parallèlement au retrait des troupes combattantes de l'OTAN.

Les forces de sécurité afghanes -armée et police- vont donc se retrouver en première ligne pour assurer la sécurité de la province. Les forces de l'OTAN -néo-zélandaises dans la province- devraient néanmoins rester présentes en soutien des forces afghanes.

La cérémonie ne fait que marquer le début d'un processus progressif censé durer entre 12 et 24 mois dans chacune des zones concernées, tempère une source de l'OTAN proche du dossier: «Rien ne va changer dès demain».

L'OTAN compte actuellement environ 130.000 soldats déployés en Afghanistan, aux deux tiers américains.

Washington a annoncé mi-juin son intention de retirer le tiers de son contingent, soit 33.000 hommes, d'Afghanistan d'ici à septembre 2012. Ces effectifs représentent la totalité des renforts américains envoyés depuis fin 2009 en Afghanistan pour stopper l'élan des insurgés talibans.

D'autres pays contributeurs de l'OTAN ont depuis annoncé le retrait progressif de leurs troupes d'ici à fin 2014, à des rythmes variables.

Bamyan, connue pour ses Bouddhas géants vieux de 1.500 ans, détruits à l'explosif par les talibans quand ils dirigèrent l'Afghanistan (1996-2001), est l'une des régions les plus calmes et paisibles d'Afghanistan et le processus lancé dimanche ne devrait avoir que peu d'effets visibles sur le terrain.

Dans cette région montagneuse, peuplée par la minorité chiite hazara, massivement victime des exactions et des massacres des «étudiants en religion» durant leur régime et farouchement anti-talibans, les forces étrangères sont peu nombreuses et peu visibles.

Outre Bamyan, la transition doit être officiellement lancée dans les jours suivants dans les provinces de Kaboul (à l'exception du district de Surobi) et du Panchir (nord-est) et dans les capitales provinciales Mazar-i-Sharif (province de Balkh, nord), Hérat (Hérat, ouest), Lashkar Gah (Helmand, sud-ouest), Mehtarlam (Laghman, est).

Un processus qui suscite l'inquiétude de nombreux Afghans et de certains experts, qui doutent de la capacité des forces afghanes à prendre le relais des troupes de l'OTAN et pointent la faiblesse et la corruption du gouvernement du président Hamid Karzaï.

Des doutes particulièrement importants en ce qui concerne les villes de Lashkar Gah, capitale de la province la plus meurtrière du conflit, et de Mehtarlam, capitale d'une province instable de l'est.

Selon un rapport du Pentagone remis en avril au Congrès américain, 80% des unités de l'armée afghane sont considérées comme opérationnelles lorsqu'elles sont encadrées par des forces internationales. Aucune ne l'est seule pour l'instant.

Le représentant spécial de l'ONU en Afghanistan, Staffan de Mistura, a estimé début juillet que la situation s'améliorait en Afghanistan, y voyant un signe positif en vue du début de la transition.

Une vision positive qui est battue en brèche par de nombreux observateurs qui notent que l'insurrection des talibans a gagné du terrain ces dernières années, au point qu'elle est désormais présente dans quasiment l'ensemble du pays, au-delà de ses bastions du sud et de l'est.