Au moins 20 patients, visiteurs et membres du personnel médical ont été tués samedi dans un attentat suicide à la voiture piégée dans un hôpital du centre de l'Afghanistan, deux jours après que les États-Unis eurent annoncé le début du retrait de leurs troupes.

Pour Kaboul, il s'agit d'une attaque «sans précédent», par la nature de la cible, en près de dix ans de guerre.

D'une manière assez inhabituelle, les talibans, dont les kamikazes visent très fréquemment les forces afghanes et internationales mais aussi des bâtiments administratifs, ont immédiatement affirmé qu'ils n'avaient rien à voir avec cette attaque, qui a également fait environ 25 blessés, à seulement 75 km au sud de Kaboul, dans la province de Logar.

Les insurgés islamistes revendiquent d'ordinaire rapidement les attentats mais démentent systématiquement lorsqu'il y a des victimes civiles.

Quoi qu'il en soit, cette attaque démontre une nouvelle fois que, contrairement à ce qu'affirment Washington et l'Otan, l'insurrection gagne du terrain et en intensité ces dernières années, les rebelles multipliant les actions de guérilla partout dans le pays, y compris dans des provinces jusqu'alors épargnées.

Dans la confusion qui a suivi l'explosion, un premier bilan du ministère de la santé faisait état de 60 morts.

Les ministères de la santé et de l'intérieur ont ensuite revu le bilan à la baisse, à «au moins 20 morts et environ 25 blessés». Des membres du personnel de l'hôpital ainsi que des patients figurent parmi les tués, a précisé le ministère de l'intérieur.

Le directeur provincial de la santé Mohammad Zaref Nayebkhail a cependant déclaré à l'AFP que le bilan définitif pourrait être largement supérieur car beaucoup de gens sont venus rapidement sur les lieux et ont emporté les corps de leurs proches victimes de l'explosion.

Le kamikaze a précipité sa voiture piégée, un 4x4, contre l'hôpital du district d'Azra, a expliqué à l'AFP Din Mohammad Darwaish, le porte-parole des autorités de la province de Logar.

«Nous condamnons cette attaque visant un hôpital (...), ceux qui ont fait cela, quels qu'ils soient, ont cherché ainsi à salir les talibans», a déclaré par téléphone le porte-parole des insurgés Zabihullah Mujahid.

Selon les Nations unies, 2777 civils ont péri en 2010, l'année la plus meurtrière depuis 2001, la grande majorité tués par les insurgés --talibans et autres--, le reste dans des bavures des forces internationales et afghanes.

Déjà, vendredi, un attentat à la bicyclette piégée avait fait dix morts sur un marché fréquenté de la province de Kunduz, dans le nord.

Ces attaques, qui se multiplient ces derniers mois, surviennent alors que, après avoir assuré que les renforts envoyés en 2009 avaient «brisé l'élan» des talibans, le président Barack Obama a annoncé jeudi le début du retrait des soldats américains. Il confirmait ainsi une stratégie de sortie de guerre progressive sous la pression d'une opinion publique majoritairement hostile au maintien des GI's dans ce que les experts qualifient de «bourbier afghan».

M. Obama a annoncé jeudi le retrait d'ici à un an du tiers des forces américaines, soit 33 000 hommes, dont 10 000 cette année.

Les talibans avaient immédiatement raillé «un acte purement symbolique qui ne satisfera ni la communauté internationale ni le peuple américain, lassés par la guerre». «La solution à la crise afghane réside dans le retrait total et immédiat de toutes les troupes étrangères», avaient ajouté les insurgés en promettant d'«intensifier» leur guérilla.

Les quelques 100 000 soldats américains présents en Afghanistan y composent plus des deux tiers de la force internationale, sous la bannière de l'Otan, qui avait chassé les talibans du pouvoir fin 2001.

Le sommet de l'Otan à Lisbonne fin 2010 a entériné le principe d'un transfert des responsabilités en matière de sécurité aux forces afghanes fin 2014, à l'issue d'un retrait progressif de toutes les troupes étrangères combattantes. Mais la capacité de l'armée et de la police afghane à prendre le relais est encore une gageure et le gouvernement afghan est critiqué pour sa faiblesse et sa corruption.