Le gouvernement afghan a demandé au Conseil de sécurité des Nations unies, qui doit prendre une décision à ce sujet mi-juin, de lever les sanctions imposées à une cinquantaine de responsables talibans, a annoncé mardi à Kaboul l'ambassadeur allemand à l'ONU, Peter Wittig.

«Une cinquantaine de demandes de retrait (de ces noms de la liste des sanctions) sont à l'étude et les décisions seront prises à la mi-juin», a déclaré M. Wittig, qui préside le Comité des sanctions contre Al-Qaïda et les talibans.

Il y a une volonté «d'adapter le régime des sanctions aux exigences politiques qui surgissent», a estimé M. Wittig, en visite à Kaboul, faisant allusion au processus de négociations auquel le gouvernement afghan tente de convaincre les insurgés talibans de se joindre.

«Nous reconnaissons, au sein du Conseil, l'intérêt et les efforts des autorités afghanes d'envoyer des signaux politiques dans le cadre de ce processus politique naissant et de rayer certains membres des talibans de la liste des sanctions», a-t-il expliqué.

Il est néanmoins peu probable que le Conseil de sécurité accède à l'ensemble des demandes. «Il faut réfréner les espoirs -l'ensemble des 50 noms ne sera pas retiré, c'est clair», a-t-il averti, disant «s'attendre» à un certain nombre de retraits.

Il faudra néanmoins compter avec les oppositions de la Russie, de la Chine et de l'Inde -membre non permanent qui siège actuellement au Conseil de sécurité-, alors que chaque retrait exige l'unanimité, selon des diplomates ayant requis l'anonymat.

La liste du Comité des sanctions contre Al-Qaïda et les talibans compte actuellement 486 personnes, dont 138 sont liées aux talibans, qui sont notamment interdites de voyages et dont les actifs sont gelés.

Parmi les noms que le gouvernement afghan veut voir supprimés de la liste figurent des membres du Haut Conseil pour la Paix, mis en place en 2010 par le président afghan Hamid Karzaï pour tenter de convaincre -pour l'instant avec peu de succès- les talibans de se joindre à des pourparlers de paix.

Le Comité en question doit également étudier le projet de se muer en deux comités distincts, l'un pour Al-Qaïda, l'autre pour les talibans, plutôt que de les traiter comme une seule entité, selon un diplomate occidental.

Des diplomates occidentaux à Kaboul ont également indiqué que des tentatives d'ouverture de canaux de communication avec les talibans étaient en cours, mais qu'elles n'en étaient qu'à leurs balbutiements.

Le magazine allemand Der Spiegel a récemment affirmé que des négociations secrètes avaient eu lieu en Allemagne, sous sa médiation, entre les États-Unis et des représentants des talibans.

Le 4 juin, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a estimé que l'actuelle pression militaire sur les talibans pourrait ouvrir de «réelles perspectives» pour des négociations de paix avec les chefs des insurgés en Afghanistan.