Des dizaines de milliers d'Israéliens ont défilé mercredi après-midi dans Jérusalem-Est, pour le 44e anniversaire de la «réunification» de la Ville sainte, après l'occupation et l'annexion de son secteur oriental, sur lequel le gouvernement israélien refuse toute concession.

«Plus de 40 000 Israéliens» venus de tout Israël ont participé à cette marche, selon le porte-parole de la police Micky Rosenfeld.

La procession, partie du quartier palestinien de Cheikh Jarrah, haut lieu de la mobilisation contre la colonisation juive à Jérusalem-Est, a rejoint le Mur des Lamentations, lieu le plus sacré du judaïsme tombé aux mains des troupes israéliennes lors de la Guerre des Six-Jours en juin 1967, après avoir longé les remparts de la Vieille ville.

À Cheikh Jarrah, des altercations ont éclaté entre militants israéliens de droite et de gauche, appuyés par des Palestiniens. «Terroristes», «l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) dehors!», ont crié les uns.

«Fascistes», ont répondu les autres. «Criminels, fils de Hitler, partez! Ici, c'est une terre arabe!», a renchéri une Palestinienne. Un homme a hissé un drapeau palestinien sur un toit, et un autre a fait le V de la victoire.  «Mort aux Arabes!», a réagi la foule.

Des scènes similaires se sont produites près de la porte de Damas, principal accès à la Vieille ville, où la police israélienne, qui avait mobilisé 3000 hommes, est intervenue pour séparer des manifestants juifs et des commerçants palestiniens.

Un photographe de l'AFP a vu des manifestants israéliens lancer des projectiles sur des Palestiniens, dont plusieurs ont répliqué par des jets de pierre.

«En tout, les jets de pierre ont fait trois blessés, deux Israéliens et un Arabe», a indiqué M. Rosenfeld, qui a fait état de «12 personnes interpellées lors d'incidents mineurs»: six Palestiniens, cinq Israéliens, dont deux militants de gauche, et un touriste.

Les manifestants, en grande majorité des jeunes, arborant des drapeaux israéliens, ont occupé la principale artère de Jérusalem qui longe la Ligne verte séparant les secteurs occidental et oriental de la ville.

À leur approche, les commerçants palestiniens fermaient boutique de crainte d'affrontements.

«Jérusalem ne sera jamais plus divisée», a réaffirmé mardi soir le premier ministre Benyamin Nétanyahou lors d'une visite au Merkaz Ha Rav, un institut talmudique, qui sert de point d'ancrage à la mouvance religieuse nationaliste.

«Notre génération a libéré Jérusalem et aujourd'hui nous la construisons. La nouvelle génération construira sûrement encore davantage et Jérusalem deviendra une cité internationale dont nous pourrons être fiers», a-t-il déclaré mercredi au Parlement.

Depuis 1967, Israël a construit une dizaine de quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, où vivent plus de 200 000 Israéliens juifs.

Fin 2010, Jérusalem, partie orientale comprise, comptait 789 000 habitants, dont 62% (492 700) d'Israéliens juifs et 36% (285 900) de Palestiniens, selon les dernières statistiques officielles israéliennes.

La conquête israélienne de Jérusalem est commémorée chaque année par des cérémonies, des fêtes et des défilés de jeunes dans une atmosphère de ferveur nationaliste.

Dans la matinée, une quarantaine de membres d'un groupuscule juif extrémiste ont également été autorisés à défiler de cheikh Jarrah au Mur des Lamentations, mais pas d'accéder au Mont du Temple, où s'étend l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, qui surplombe le Mur.

Israël considère Jérusalem comme sa capitale «éternelle et indivisible». Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale, pour qui Jérusalem-Est est un territoire occupé, où les Palestiniens veulent établir la capitale de l'État auquel ils aspirent.