L'Iran a brièvement fermé son espace aérien à l'avion de la chancelière allemande Angela Merkel qui se rendait mardi en Inde pour une visite officielle, provoquant la colère de Berlin.

L'avion de Mme Merkel, attendue mardi à New Delhi pour rencontrer le premier ministre Manmohan Singh et la présidente de l'Union indienne Pratibha Patil, a été temporairement empêché de survoler l'Iran dans la nuit, a annoncé son porte-parole, Steffen Seibert, via le site de microblogues Twitter.

Le ministre allemand des Affaires étrangères a annoncé mardi avoir convoqué l'ambassadeur d'Iran pour protester contre le refus de son pays de laisser l'avion de la chancelière survoler son territoire.

Le chef de la diplomatie a jugé «absolument inacceptable» cette interdiction.

«C'est un manque de respect vis-à-vis de l'Allemagne», a-t-il ajouté dans un communiqué. «C'est pourquoi j'ai convoqué l'ambassadeur iranien à Berlin. Nous dirons très clairement qu'une telle atteinte aux conventions internationales ne peut en aucun cas être tolérée par l'Allemagne».

Aucune précision sur les raisons pour lesquelles l'avion n'a pas pu survoler l'Iran n'a été fournie immédiatement.

Lors d'une conférence de presse commune avec Manmohan Singh, Mme Merkel s'est refusée à tout commentaire sur l'incident. Son avion a dû tourner au-dessus de la Turquie pendant deux heures avant d'être autorisé à franchir l'espace aérien iranien, selon les médias.

«Je suis très contente d'être arrivée sans encombre ici», a-t-elle simplement déclaré. «Tout s'est très bien fini. Nous avons pu avoir une consultation germano-indienne, c'est la chose la plus importante», a assuré Angela Merkel.

Son porte-parole, qui l'accompagne lors de ce voyage, avait écrit sur Twitter: «Début inhabituel du voyage en Inde. L'Iran refuse temporairement à l'avion de la chancelière le survol (de son territoire). Atterrissage avec retard à New Delhi».

Selon un journaliste de la chaîne publique allemande ARD, qui accompagne Angela Merkel, un autre avion avec à son bord quatre ministres du gouvernement allemand a pu survoler l'Iran sans problème et atterrir comme prévu dans la capitale indienne.

L'Iran est soumis depuis 2007 à une batterie de sanctions politiques et économiques des Nations unies, des États-Unis et de l'Union européenne (UE) en raison de son programme nucléaire controversé.

Cet épisode a partiellement éclipsé la tenue des discussions avec les dirigeants indiens visant à renforcer les liens commerciaux bilatéraux entre l'Allemagne et la troisième puissance économique d'Asie.

Mme Merkel a plaidé la cause de l'Eurofighter, développé par un consortium européen comprenant l'Allemagne, actuellement en compétition avec le Rafale de Dassault pour remporter un gigantesque appel d'offres de 126 avions de chasse pour moderniser l'armée indienne.

«Nous sommes convaincus que nous avons la meilleure offre comparée aux autres», a-t-elle assuré.

L'Allemagne est le premier partenaire européen de l'Inde avec des échanges commerciaux estimés à 15,4 milliards d'euros (21,5 milliards de dollars) en 2010.

Concernant la succession du Français Dominique Strauss-Kahn à la tête du Fonds monétaire international (FMI), Manmohan Singh a assuré que le sujet n'avait pas été évoqué avec Mme Merkel.

L'Allemagne soutient la candidature de la ministre française des Finances Christine Lagarde, donnée comme favorite, mais les pays émergents, dont l'Inde, critiquent la mainmise des Européens sur le poste de directeur général de l'institution.

M. Singh a toutefois affirmé que l'Inde voulait que le meilleur candidat, «indépendamment de sa nationalité», puisse être nommé à la tête du FMI.