Au moins 19 personnes ont péri et 84 ont été blessées dimanche à Bagdad et sa périphérie dans une dizaine d'attaques, qui posent de nouveau la question de la capacité des forces irakiennes à sept mois du retrait prévu de l'armée américaine.

Au total, 13 bombes artisanales et trois voitures piégées ont explosé, en plus d'un attentat suicide.

L'attaque la plus meurtrière a été un double attentat perpétré vers 09H00 (06H00 GMT) à Taji, à 25 km au nord de Bagdad, qui a fait 12 morts et 23 blessés, selon un responsable du ministère de l'Intérieur. Une source à la Défense a fait état de 14 morts et 30 blessés.

Après l'explosion d'une voiture piégée, un kamikaze a activé sa ceinture d'explosifs au moment où les forces de police, les secours et de nombreuses autres personnes affluaient sur les lieux. Huit policiers figurent au nombre des tués.

Dans le sud de la capitale, quatre bombes artisanales ont explosé près d'un poste de police du quartier d'Amel avant qu'une voiture piégée n'explose à son tour, faisant au total deux morts et 15 blessés, selon le responsable du ministère de l'Intérieur.

Toujours dans le sud, un milicien «Sahwa» travaillant pour le gouvernement a été tué et quatre ont été blessés par une bombe magnétique dans le quartier de Dora et un attentat a fait trois blessés dans le secteur de Saïdiya.

Dans le quartier déshérité de Sadr City (nord-ouest), deux bombes contre un hôpital et un marché ont fait deux morts et 14 blessés. Selon des témoins, l'une de ces explosions était le fait d'une voiture piégée.

Dans le secteur d'Al-Talbiya (nord), une voiture piégée a explosé au passage du convoi d'un général du ministère de l'Intérieur, faisant un mort et cinq blessés, dont deux des gardes du corps de l'officier. Un autre attentat près de la place Wassiq (centre) a fait un mort et 12 blessés.

Dans l'est de la capitale, six personnes ont été blessées par une bombe au passage d'une patrouille de police, et deux autres ont été blessées par deux bombes qui visaient la voiture d'un employé du commandement des opérations de Bagdad, dans le secteur d'al-Kanaat.

Ces attentats interviennent trois jours après la mort de 29 personnes -presque tous des policiers- dans trois attentats dans la ville multiethnique de Kirkouk.

Signe des difficultés des forces irakiennes face à une insurrection qui a toujours la capacité de frapper fort, ces violences rendent un peu plus pressante la délicate question du retrait, ou non, des forces américaines, toujours présentées par certains Irakiens comme une force d'occupation.

Plus de huit ans après l'invasion qui avait précipité la chute de Saddam Hussein, l'armée américaine compte encore 45.000 hommes en Irak, engagés dans la formation des forces irakiennes. Et de nombreux responsables américains ont exhorté Bagdad à se décider au plus vite sur une éventuelle demande de prolongation de cette mission.

Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki a prôné la semaine dernière la tenue d'un dialogue national pour trancher ce débat sensible.

Dimanche, le courant du chef radical chiite irakien Moqtada Sadr a réaffirmé son hostilité à la présence américaine.

«La protection de toutes les régions du pays relève de la seule responsabilité des forces irakiennes, qui sont capables de le faire», a déclaré le député sadriste Jawad al-Hasnaoui. «Nous n'avons pas besoin des forces étrangères.»

Mais un responsable kurde s'est au contraire prononcé pour le maintien des Américains.

«L'Irak a toujours besoin des forces américaines dans le secteur militaire, pour la sécurité, mais aussi dans le domaine politique», a déclaré lors d'une conférence de presse à Erbil Jabbar Yawar, secrétaire général du ministère des peshmergas (combattants kurdes) de la région du Kurdistan.