Sept hommes ont été pendus en Iran samedi pour trafic de drogue et quatre autres pour viol, ont rapporté les médias locaux.

Trois des quatre hommes accusés de viol ont été pendus en public à Yazd, le quatrième ayant été exécuté dans la prison de cette ville du centre de l'Iran, selon l'agence Fars.

Sept hommes accusés de trafic de drogue ont par ailleurs été pendus dans les prisons de trois villes: quatre à Kerman (sud), deux à Qazvin (ouest) et un à Tonekabon (nord), selon les informations données par différents médias.

Aucun détail n'a été fourni sur ces différentes affaires.

La possession de plus de 30 grammes de drogue est passible de la peine de mort en Iran, ainsi que le meurtre, le viol, le vol à main armé et l'adultère.

Ces onze pendaisons portent à 124 le nombre d'exécutions en Iran depuis le début de l'année, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir des informations parcellaires publiées par les médias locaux.

En 2010, 179 personnes avaient été pendues, selon un décompte similaire de l'AFP. L'organisation internationale de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) avait pour sa part recensé 388 exécutions alors qu'Amnesty International avait compté 252 exécutions durant l'année.

L'Iran est l'un des pays où se déroulent le plus grand nombre d'exécutions dans le monde, avec la Chine, l'Arabie saoudite et les États-Unis.

Le chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a récemment déploré «le taux alarmant d'exécutions en Iran cette année».

L'aveuglement d'un homme condamné selon la loi du talion est repoussé

Les autorités iraniennes ont reporté l'aveuglement prévu samedi d'un homme condamné à perdre la vue pour avoir aveuglé et défiguré une femme à l'acide, une peine conforme à la loi du talion et dénoncée par les organisations de droits de l'homme.

Les autorités judiciaires ont «reporté à une date indéterminée» l'exécution de cette peine, selon l'agence Isna qui a précisé qu'«aucune explication» n'avait été fournie à cette décision.

En application de la loi du talion prévue par la charia (loi islamique) en vigueur en Iran, Majid Movahedi avait été condamné en 2008 à être aveuglé par des gouttes d'acide versées dans ses yeux pour avoir défiguré et aveuglé en 2004 Ameneh Bahrami qui refusait ses demandes en mariage.

Mme Bahrami, aujourd'hui âgée d'une trentaine d'années et qui vit en Espagne, a répété à plusieurs reprises récemment qu'elle maintenait sa demande de voir la peine appliquée.

«J'ai tellement souffert ces dernières années, maintenant je suis réellement heureuse», a encore déclaré Mme Bahrami dans une interview publiée samedi par le quotidien Haft-e Sobh.

«J'aimerais pouvoir appliquer la peine moi-même, mais si ce n'est pas possible c'est un médecin qui le fera», a ajouté la jeune femme, venue en Iran pour assister à l'exécution de la sentence.

Elle avait expliqué récemment à Isna qu'elle persistait dans sa demande d'application de la loi du talion «non pour que le coupable connaisse les mêmes souffrances (qu'elle) mais parce que cela pourra dissuader ceux qui penseraient à commettre un tel crime dans le futur».

Selon Haft-e Sobh qui présente l'exécution de cette peine comme une première en Iran, la sentence devait être appliquée samedi matin dans un hôpital de Téhéran dépendant de l'Autorité judiciaire, en présence de représentants du parquet, d'un expert médico-légal et de Mme Bahrami.

La décision d'exécuter cette peine avait été dénoncée vendredi par Amnesty International comme un «châtiment cruel et inhumain équivalent à un acte de torture».

«Sans méconnaître l'horreur du crime commis contre Ameneh Bahrami (...) les autorités iraniennes ont la responsabilité, en application des lois internationales, de s'assurer que cette peine n'est pas appliquée», a déclaré l'association de défense des droits de l'Homme.

L'association iranienne Iran Human Rights, basée en Norvège, avait appelé elle aussi les autorités iraniennes à renoncer à «un châtiment barbare», et demandé aux médecins de «ne pas violer leur déontologie» en l'appliquant.

Majid Movahedi avait jeté de l'acide à la tête d'Ameneh Bahrami parce que cette dernière, étudiante dans la même université que lui, avait refusé ses demandes en mariage.

La victime a été totalement défigurée et a perdu la vue en dépit de 17 opérations chirurgicales effectuées en Espagne où elle avait été transférée. Elle vit depuis à Barcelone avec une pension d'invalidité du gouvernement espagnol.