Les Palestiniens s'apprêtent à commémorer jusqu'à dimanche l'anniversaire de la «Nakba» (catastrophe), leur exode qui a suivi la création de l'État d'Israël en mai 1948, avec des défilés et des manifestations dans les Territoires occupés, à Gaza et à l'étranger.

La police israélienne a décidé de limiter l'accès vendredi à l'esplanade des Mosquées dans la Vieille ville de Jérusalem à l'occasion de cet anniversaire.

Elle va «filtrer» le nombre des fidèles sur l'esplanade, a déclaré jeudi le ministre de la Sécurité intérieure, Yitzhak Aharonovitch, cité par la radio publique.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole de la police du district de Jérusalem, Shmoulik Ben Rubi, a précisé que «seulement les femmes et les hommes de plus de 45 ans et détenteurs de la carte d'identité israélienne auront accès à l'esplanade vendredi».

L'esplanade des Mosquées abrite la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l'islam, et le Dôme du Rocher. Site du Temple juif détruit par Rome en l'an 70, elle est aussi considérée, sous le nom de mont du Temple, comme le lieu le plus sacré du judaïsme.

Dans un communiqué, la police a fait savoir que ses hommes, renforcés par des garde-frontières, «se déploieront tôt à partir de demain à Jérusalem-Est et dans les ruelles de la Vieille ville pour sauvegarder la loi et la sécurité».

«La police agira fermement pour empêcher toute tentative de troubler l'ordre public de la part de qui que ce soit», promet le communiqué.

Quant à l'armée israélienne, elle s'est dite «prête à toute éventualité pendant le prochain week-end».

Les Palestiniens veulent organiser des prières, des marches et des rassemblements dans les Territoires occupés et à Jérusalem-Est annexée mais également dans les pays avoisinants, notamment au Liban et en Égypte, à partir de vendredi et jusqu'à dimanche, pour commémorer la «Nakba».

Le ministère égyptien de l'Intérieur a demandé aux organisateurs d'annuler une marche devant rallier Le Caire à la bande de Gaza, en évoquant «le contexte sensible actuel», selon une source au sein des services de sécurité.

Cette marche est prévue samedi et dimanche pour dénoncer l'occupation par Israël des territoires palestiniens, défendre le droit au retour des réfugiés palestiniens et réclamer la libération des détenus palestiniens.

De jeunes militants anonymes ont appelé à une «troisième intifada» (soulèvement), non violente, via les réseaux sociaux.

Cet anniversaire survient au moment où les mouvements palestiniens rivaux Fatah et Hamas ont scellé un accord de réconciliation au Caire.

Un haut responsable du Fatah, parti dirigeant de l'Autorité palestinienne, Nabil Chaath, a assuré qu'«il y aura une importante mobilisation populaire le 15 mai, à l'intérieur et à l'extérieur de la Palestine, probablement bien plus forte que les années précédentes».

Plus de 760 000 Palestiniens ont été poussés à l'exode par l'avancée des forces juives ou chassés de chez eux il y a 63 ans. Aujourd'hui, l'ONU estime à quelque 4,7 millions le nombre de ces réfugiés avec leurs descendants.

La résolution 194 de l'ONU, adoptée le 11 décembre 1948 et renouvelée chaque année, dispose que «les réfugiés qui désirent rentrer dans leurs foyers et vivre en paix avec leurs voisins devraient y être autorisés le plus vite possible».

Tous les gouvernements israéliens se sont opposés à l'application du droit au retour, au nom de la préservation du «caractère juif et démocratique» d'Israël. Les négociateurs palestiniens ont exigé la reconnaissance de ce droit, tous en se déclarant prêts à des aménagements sur sa mise en oeuvre.