Les conservateurs au pouvoir en Iran ont intensifié leur pression sur le président Mahmoud Ahmadinejad pour qu'il «obéisse» au Guide de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, jugeant insuffisantes ses récentes protestations d'allégeance.

«Le président a affirmé qu'il allait désespérer les ennemis du régime (en acceptant l'autorité du Guide) mais ce n'est pas assez, nous attendons des actes», a déclaré un influent religieux, hodjatoleslam Kazem Sediqi, largement cité dimanche par la presse.

«Le président n'est pas engagé dans une relation fils-père avec le guide, mais dans il est le soldat du Velayat (ndlr: principe de la suprématie de la religion sur la politique) et doit lui obéir totalement», a ajouté M. Sediqi, l'un des imams de la prière de Téhéran.

Le président Ahmadinejad avait affirmé le 1er mai obéir au Guide comme «un fils à son père», lors d'une intervention en conseil des ministres censée mettre fin à une semaine de crise entre les deux dirigeants.

M. Ahmadinejad avait auparavant boycotté toute activité publique pendant huit jours après un veto de l'ayatollah Khamenei au limogeage du ministre des Renseignements Heydar Moslehi, proche du Guide.

Cet affrontement autour du contrôle du ministère du Renseignement a déclenché un feu nourri des conservateurs contre le président, et de multiples signes montrent que la tension n'est pas retombée depuis.

Un proche de M. Ahmadinejad, l'hodjatoleslam Abbas Amirifar, imam de la prière de la présidence, a été arrêté le 1er mai pour son rôle dans une obscure affaire de diffusion d'un DVD annonçant le retour prochain de l'Imam caché (le 12e Imam de l'islam chiite, qui doit revenir un jour sur terre pour instaurer un règne de justice).

La justice a également confirmé, à demi-mot, l'arrestation d'un «sorcier» qui aurait été lié au principal conseiller du président Ahmadinejad, Rahim Esfandiar Machaie.

«Certaines personnes à l'intérieur du régime ont oublié les valeurs de la révolution et cherchent à dévier le sens de l'Islam (...) mais le peuple ne suit pas les démons ou les djinns, et ne tolérera pas de déviation», a prévenu, dans une allusion à cette affaire, le général Mohamad Ali Jaffari, commandant en chef des Gardiens de la révolution, bras armé du régime relevant du Guide.

M. Machaie est depuis longtemps la bête noire du courant religieux ultraconservateur, qui lui reproche d'être trop nationaliste, trop libéral et d'avoir trop d'influence sur le président.

Il est désormais accusé de diriger un courant «déviationniste» par les durs du régime, qui ont à plusieurs reprises sommé M. Ahmadinejad de se débarrasser de lui -sans succès jusqu'à présent.

Depuis une semaine, les religieux conservateurs se sont aussi attachés à rappeler tous les jours le devoir «d'obéissance» du président envers le Guide.

«Obéir et se soumettre au Guide est un devoir religieux qui n'a rien à voir avec la politique», a affirmé l'ayatollah Mohammad Tagki Mesbah Yazdi, ancien mentor de M. Ahmadinejad auquel il a rappelé qu'il tenait «sa légitimité de l'approbation par le Guide et non du vote populaire».

«Ni le président ni personne n'a de légitimité sans l'ordre du Guide», a déclaré en écho le représentant du Guide auprès des Pasdaran, l'hodjatoleslam Mojtaba Zolnour.

Le Parlement, dominé par l'aile dure du régime et qui s'est fréquemment opposé au gouvernement ces derniers mois, a lui aussi fait monter la pression en lançant une pétition exigeant que le président vienne s'expliquer sur son comportement, selon l'agence Mehr. Cette pétition aurait déjà recueilli plus de 90 signatures sur 175 nécessaires, selon la même source.