La bande de Gaza, enclave palestinienne sous blocus israélien, a accueilli à jeudi le premier marathon de son histoire, organisé par l'ONU et remporté par un enfant du pays.

Sous un soleil brûlant, Nader al-Masri, un athlète de 31 ans, originaire de Beit Hanoun (nord de Gaza), a bouclé l'épreuve en 2 heures, 42 minutes et 47 secondes, un petit quart d'heure de plus qu'il n'espérait.

«C'est un grand jour pour moi, car c'est le premier marathon à Gaza, le premier en Palestine», a affirmé à l'AFP le vainqueur, qui a pris part au 5 000 mètres lors des JO de Pékin en 2008 et qui escompte aller à Londres l'an prochain.

«C'est aussi une grande joie pour les enfants. Nous avons besoin de cette culture de la course pour les jeunes ici parce qu'elle leur donne un sentiment d'autonomie individuelle», a expliqué al-Masri à l'arrivée, entouré d'une marée de gamins.

Quelque 1 500 compétiteurs s'étaient levés à l'aube pour participer à cette épreuve sans précédent dans la bande de Gaza -une initiative de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA)-, courue le long du littoral méditerranéen.

«Les autorités israéliennes peuvent bloquer beaucoup de choses en vertu de l'embargo, mais pas l'amusement, l'humanité et la dignité dont nous avons été témoins aujourd'hui», a commenté le porte-parole de l'UNWRA, Chris Gunness.

Seuls neufs coureurs étaient inscrits pour les 42 km reliant la localité de Beit Hanoun à la ville de Rafah, à l'extrême sud, à la frontière égyptienne.

Une Australienne, Gemma Connell, et un Français, Sébastien Trives, des représentants de l'UNWRA, étaient les seuls étrangers à concourir sur la distance complète.

«Ce marathon transmet un message de liberté et de normalité», a souligné Sébastien Trives, numéro 2 de l'UNWRA à Gaza.

Les autres participants, la plupart des écoliers, se sont relayés tout au long de l'itinéraire sur une distance de un à quatre km, tandis que des coureurs plus âgés effectuaient des parcours un peu plus longs.

La plupart des enfants couraient en jeans, certains pieds nus, doublés sur la même route par le trafic habituel de taxis, de charrettes tirées par des ânes et de grosses motos.

«Les gens trouvent cela bizarre, de courir, d'habitude les Palestiniens courent seulement quand il y a des frappes aériennes ou qu'ils ont peur», a ironisé un spectateur.

La sécurité de l'épreuve a été assurée par la police du Hamas, le mouvement islamiste palestinien qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007. Le 15 avril, un humanitaire italien a été assassiné par un groupe salafiste jihadiste, un crime qui a choqué la petite communauté étrangère établie à Gaza.

Les femmes ont pu participer en observant les règles vestimentaires islamiques --pantalons longs et manches couvrant les épaules-- en vigueur à Gaza.

L'an dernier, des inconnus avait incendié des installations dans des camps de vacances de l'UNRWA, apparemment pour protester contre la mixité des garçons et des filles.

Ce marathon avait pour objectif de lever des fonds afin de financer le programme de camps d'été organisés depuis cinq ans dans le territoire. Près de 700 000 euros ont été collectés.

L'UNRWA assure chaque année 1 200 camps pour 250 000 enfants de réfugiés palestiniens dans le territoire. Parmi les activités proposées, figurent la natation et des cours de peinture et de théâtre.