Quelque 50 policiers ont été blessés vendredi, dont certains à l'arme blanche, lors de heurts avec des salafistes à Zarqa, dans le nord de la Jordanie, tandis que plus d'un millier de manifestants ont réclamé, à Amman, le départ du Premier ministre et la dissolution du Parlement.

«Cinquante et un policiers ont été frappés avec des couteaux, des battes et des outils aiguisés, et 32 ont été soignés pour avoir inhalé des gaz lacrymogènes», a déclaré à la presse le chef de la police, Hussein Majali, en faisant également état de 17 arrestations.

De plus «huit civils ont été blessés quand la police a tiré des gaz lacrymogènes et essayé d'empêcher les salafistes d'attaquer des gens qui faisaient leurs courses», a-t-il ajouté.

Ces heurts, les plus graves depuis trois semaines dans le pays, se sont produits alors que des manifestations anti-gouvernementales étaient organisées dans plusieurs villes de Jordanie pour réclamer notamment le départ du chef du gouvernement, Maarouf Bakhit, et une réforme du régime.

À Amman, plus d'un millier de manifestants se sont rassemblés à l'appel du Front de l'Action Islamique (FAI), vitrine politique des Frères musulmans, et de partis d'opposition, notamment de gauche.

«Le peuple veut réformer le régime et éradiquer la corruption. La Jordanie est libre, Bakhit va-t'en !», y ont scandé les manifestants, en arborant le drapeau jordanien et des banderoles qui disaient: «Le peuple veut la démocratie et la justice sociale» et «Nous voulons dissoudre le Parlement».

Des manifestations ont également eu lieu à Karak et Maan, dans le sud, ainsi qu'à Irbid, dans le nord.

«Les manifestations continueront jusqu'à ce que les réformes soient réalisées», a déclaré à l'AFP Jamil Abou Baker, porte-parole des Frères musulmans.

«Jusqu'à présent, on ne voit aucune volonté (gouvernementale) de mener des réformes. Mais les gens sont déterminés à obtenir de vraies réformes et à se débarrasser de la corruption», a-t-il ajouté.

À Zarqa, selon le chef de la police, «il était clair que ces manifestants avaient prévu d'en découdre avec la police. Ils avaient des épées et des poignards et étaient provocants, cherchant à entraîner la police dans une confrontation sanglante», a-t-il souligné.

Plus tôt dans la journée, un porte-parole de la police, Mohammad Khatib, avait fait état de 40 policiers blessés, dont six «dans un état grave» après avoir été frappés à l'arme blanche.

«La police a dû tirer des gaz lacrymogènes après que des salafistes ont attaqué des citoyens après une manifestation en les accusant d'être athées», avait-il précisé.

Selon des informations relayées par des sites internet, mais qui n'ont pas été confirmées par les autorités, plusieurs dizaines de manifestants islamistes ont également été blessés dans la dispersion.

Les salafistes (islamistes radicaux) manifestent depuis plusieurs semaines pour demander la libération de leurs partisans emprisonnés, en marge de rassemblement de l'opposition pour des réformes démocratiques.

Il réclament notamment la libération d'Abou Mohammed al-Maqdessi, ancien mentor d'Abou Moussab Zarqaoui, le chef d'Al-Qaïda en Irak tué dans un raid aérien près de Bagdad en 2006 et originaire de Zarqa. Arrêté en septembre 2010, Al-Maqdessi a été mis en examen pour recrutement de combattants pour rejoindre les talibans en Afghanistan.

Les salafistes exigent également la libération d'Abou Sayyaf, de son vrai nom Mohammed Chalabi, condamné pour terrorisme après des heurts dans la ville de Maan, dans le sud de la Jordanie, en 2002.

Le 24 mars, des affrontements entre manifestants et partisans du gouvernement avaient fait un mort et 160 blessés à Amman.

Un mouvement de contestation sociale et politique sans précédent secoue le royaume depuis plus de trois mois.