Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, est arrivé mercredi soir à Bagdad pour une visite surprise de trois jours, en provenance de Ryad où il a accusé l'Iran de chercher à créer des troubles dans la région.

Ce déplacement, qui n'avait pas été annoncé, est son premier en Irak depuis septembre. Durant son séjour, qui doit durer jusqu'à vendredi, M. Gates doit rencontrer le premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, et le président Jalal Talabani. Il aura aussi des entretiens vendredi dans le nord du pays avec le président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani.

Il apportera un «message de soutien aux dirigeants irakiens pour la fin du processus de formation du gouvernement, particulièrement en ce qui concerne les ministères touchant à la sécurité», a affirmé à des journalistes un haut responsable américain de la défense, sous couvert d'anonymat.

La mission de combat des États-Unis, qui ont compté jusqu'à 170 000 soldats en Irak, a pris fin en août 2010. Les États-Unis comptent actuellement moins de 50 000 hommes en Irak, qui se consacrent essentiellement à la formation de l'armée et la police irakiennes.

Tous doivent avoir quitté le pays d'ici à la fin de l'année. Mais les États-Unis affirment vouloir développer un partenariat de long terme avec l'Irak.

M. Gates était arrivé mercredi matin en Arabie saoudite, pour sa première visite à Ryad après le retour fin février du roi Abdallah, 86 ans, à la suite d'une opération au dos et d'une longue convalescence.

Les deux hommes ont eu un tête-à-tête de 90 minutes que M. Gates a qualifié de «très bon, extrêmement cordial et chaleureux».

Son déplacement survient au moment où les deux pays, dont la relation privilégiée est l'un des piliers de la stratégie américaine dans le Golfe, région cruciale pour l'approvisionnement du monde en pétrole, partagent la même méfiance à l'égard de l'Iran et la même inquiétude sur le Yémen.

L'Arabie saoudite et les États Unis accusent l'Iran chiite de vouloir déstabiliser la région et d'y comploter contre les monarchies sunnites en utilisant les communautés chiites qui se considèrent comme désavantagées.

«Nous détenons des preuves selon lesquelles les Iraniens tentent d'exploiter la situation à Bahreïn et (...) envisagent de créer des problèmes ailleurs», a déclaré M. Gates.

Bahreïn, archipel voisin de l'Arabie saoudite et qui abrite la Ve flotte américaine, a été le théâtre d'affrontements sanglants entre la police et des manifestants en majorité chiites réclamant des réformes de mi-février à mi-mars.

La dynastie sunnite des Al-Khalifa a accusé l'Iran d'inspirer ces troubles et Ryad a dépêché un millier de soldats pour aider Manama à mater la contestation. Le Koweït a aussi accusé l'Iran de conspirer contre sa stabilité.

Lundi, l'Iran a répliqué aux accusations d'ingérence de ses voisins arabes du Golfe en les accusant d'être «sous la pression des États-Unis».

Cette visite intervient aussi alors que le Yémen, voisin pauvre et instable du géant pétrolier saoudien, est le théâtre d'une violente contestation contre le président Ali Abdallah Saleh, appelé par son allié américain à faciliter la mise en place d'une transition ordonnée et pacifique du pouvoir.

Washington et Ryad s'inquiètent surtout que ces troubles au Yémen permettent la résurgence des émules d'Al-Qaïda, que les États-Unis considèrent comme la menace la plus grave pour leur sécurité, et que la dynastie des Al-Saoud voit comme son ennemi juré.