Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a appelé samedi l'ONU à «annuler immédiatement» le rapport Goldstone sur l'offensive israélienne contre la bande de Gaza fin 2008 à la suite de «regrets» exprimés par son auteur, le juge sud-africain Richard Goldstone.

«J'appelle l'ONU à annuler immédiatement le rapport Goldstone. Il faut jeter ce rapport dans les poubelles de l'Histoire», a affirmé M. Netanyahu lors d'une brève allocution à la télévision.

«Aujourd'hui, Goldstone a confirmé ce qui ne savions depuis toujours: Israël a dit la vérité. Nous n'avons jamais attaqué délibérément des civils et nos instances de contrôle sont au niveau des critères internationaux les plus élevés alors que le Hamas (au pouvoir à Gaza) n'a rien vérifié tout en tirant (des roquettes) pour tuer des civils», a assuré M. Netanyahu.

Dans un article publié par le Washington Post, le juge Goldstone, auteur d'un rapport de l'ONU sur des allégations de crimes de guerre lors de l'opération israélienne «Plomb Durçi» à Gaza du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, écrit samedi que son rapport aurait été «un document différent» aujourd'hui.

«On en sait bien davantage aujourd'hui sur ce qu'il s'est passé pendant la guerre de Gaza que lorsque je présidais la commission d'enquête», explique le magistrat dans une tribune du quotidien.

«Bien qu'Israël ne nie pas, depuis la publication de notre rapport, la perte tragique de vies civiles, je regrette que notre commission d'enquête n'ait pas eu accès aux preuves sur les circonstances dans lesquelles nous estimons que des civils ont été visés à Gaza», confesse le magistrat.

«Cela aurait probablement modifié nos conclusions sur l'intentionnalité des crimes et l'existence de crimes de guerre», ajoute-t-il.

Le rapport Goldstone avait estimé à l'époque qu'il y avait eu possibilité de crimes de guerre à la fois par Israël et par le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007.

Un comité créé par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU pour assurer le suivi du rapport du juge Goldstone a reconnu qu'Israël avait consacré d'«importantes ressources pour enquêter sur plus de 400 allégations de mauvaises conduites opérationnelles à Gaza».

En revanche, relève le magistrat, le Hamas «n'a pas mené d'enquête sur le lancement d'attaques de roquettes et de mortiers contre Israël».

Selon M. Goldstone, les crimes commis par le Hamas étaient intentionnels parce que les roquettes «visaient sans ambiguïté des cibles civiles».

«Les allégations d'intentionnalité» du côté d'Israël sont basées sur le décès et les blessures de civils dans des situations que la commission d'enquête de l'ONU n'a pas été en mesure de déterminer», note-t-il.

M. Goldstone se dit malgré tout préoccupé par le fait que «peu d'enquêtes israéliennes ont été conclues» et qu'elles auraient dû être rendues publiques.

Déclenchée pour stopper ces tirs de roquettes contre Israël à partir de la bande de Gaza, l'offensive israélienne a fait au moins 1400 morts palestiniens, dont une majorité de civils, selon des sources locales, et 13 côté israélien.

Le juge Goldstone avait recommandé la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye si les autorités israéliennes et palestiniennes refusaient d'ouvrir des enquêtes crédibles afin de punir les coupables.

Le ministre de la Défense Ehud Barak a pour sa part affirmé dans un communiqué qu'il serait bon que le juge Goldstone ne «se contente pas de publier un article, mais qu'il publie ses conclusions actuelles pour la communauté internationale».

Depuis la parution du rapport Goldstone fin 2009, les autorités israéliennes, qui avaient refusé de collaborer avec l'enquête de l'ONU, se sont déchaînées contre le juge sud-africain, accusé de faire le jeu du Hamas à Gaza.

En janvier 2010, Israël s'est défendu dans un rapport justificatif remis à l'ONU d'avoir violé les lois de la guerre et d'avoir attenté au droit international.