Sept employés étrangers de l'ONU ont été tués vendredi dans l'attaque des bureaux des Nations unies à Mazar-i-Sharif, la grande ville du nord de l'Afghanistan, par des manifestants protestant contre le récent autodafé d'un Coran aux États-Unis.

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière contre l'ONU en Afghanistan depuis l'invasion de ce pays par une coalition internationale fin 2001 pour détruire l'infrastructure d'Al-Qaïda et faire tomber le régime des talibans.

L'attaque a fait sept morts, quatre Népalais et trois autres étrangers, selon le bilan officiel des Nations unies publié au siège de l'ONU à New York.

Ce bilan de l'ONU ne précise pas les nationalités des victimes non népalaises, qui sont un Suédois, une Norvégienne et un Roumain selon leurs autorités nationales respectives.

Le ministère suédois des Affaires étrangères a indiqué qu'un Suédois de 33 ans avait été tué dans l'attaque contre la Mission des Nations unies en Afghanistana (UNAMA).

L'armée norvégienne a annoncé à Oslo qu'une militaire norvégienne de 53 ans figurait parmi les victimes.

Et des sources officielles ont déclaré à l'agence de presse roumaine Agerpres qu'un Roumain avait été tué.

«Cinq manifestants ont été tués et 20 blessés», et «plus de 20 insurgés impliqués dans l'attaque ont été arrêtés», a indiqué à la presse Atta Mohammad Nour, le gouverneur de la province de Balkh, dont Mazar-i-Sharif est la capitale.

Une partie du bâtiment de l'ONU a été incendié, selon le correspondant de l'AFP.

Selon le gouverneur provincial, «il n'était pas prévu que la manifestation prenne la direction des bureaux de l'Unama, mais un groupe d'insurgés est allé attaquer le siège de l'Unama».

Un porte-parole de la police à Mazar-i-Sharif, Lal Mohammad Ahmadzai, a affirmé à l'AFP que des insurgés «talibans avaient infiltré les manifestants».

«Certains portaient déjà des armes, d'autres en ont récupéré sur les gardes de sécurité» de l'ONU, après avoir pénétré dans le siège de l'Unama vers 15h (6h30 heure du Québec), a expliqué M. Ahmadzai.

Le 28 octobre 2009, cinq employés expatriés de l'ONU avaient été tués dans l'attaque d'une maison d'hôtes de Kaboul, revendiquée par les talibans qui mènent une sanglante insurrection depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir en novembre 2001.

Selon le correspondant de l'AFP à Mazar-i-Sharif, les violences, accompagnées de tirs et de détonations, se sont poursuivies jusque vers 20h (11h30 heure du Québec) dans la ville, où la police était massivement déployée vendredi soir.

La manifestation avait commencé après la traditionnelle prière du vendredi.

Les manifestants - environ 500, selon le correspondant de l'AFP - ont fait une déclaration exigeant que le gouvernement afghan «coupe tout lien diplomatique avec les États-Unis s'ils ne poursuivent pas le pasteur qui a brûlé le Coran».

Ils ont en outre demandé au Parlement de «déclarer illégale la présence de troupes étrangères en Afghanistan», où environ 132 000 soldats étrangers, aux deux tiers américains, soutiennent le gouvernement de Kaboul face aux talibans.

M. Ahmadzai a déclaré que deux des employés de l'ONU tués avaient été décapités, ce qu'un responsable provincial de la police, le général Abdul Rauf Taj, a démenti.

L'attaque de Mazar-i-Sharif a été condamnée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France, l'Union européenne et l'Otan.

Mazar-i-Sharif est l'une des sept zones choisies par le président Hamid Karzaï et la coalition internationale pour inaugurer le processus dit de «transition». Les forces étrangères y transmettront la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes dès le 1er juillet.

Plusieurs milliers de personnes ont aussi manifesté vendredi à Hérat, dans l'ouest, et 200 à Kaboul, dans les deux cas sans incidents contre l'autodafé du Coran effectué mi-mars par un pasteur intégriste américain.

En mai 2005, une quinzaine de personnes avaient été tuées en Afghanistan au cours de plusieurs jours de manifestations après un article du magazine Newsweek - qui s'était révélé erroné - affirmant que des soldats américains avaient profané un Coran à la prison de Guantanamo.