Après avoir essuyé des tirs en provenance de la bande de Gaza pendant plus d'une semaine, Israël a mis en place son nouveau système antiroquettes. Une batterie du «dôme de fer» a été installée hier dans la ville de Beersheba pour un test opérationnel. Mais avant même sa première utilisation, la pertinence du système est déjà remise en question par certains analystes.

Le «dôme de fer» est composé de batteries portables, capables de détecter les roquettes lancées de 4 à 70 km de distance à l'aide d'un radar. Le système lance ensuite un missile pour intercepter la roquette et la faire exploser dans les airs. Chaque batterie comprend trois lanceurs équipés chacun de 20 missiles d'interception, selon des sources militaires.

Le mise au point par une firme israélienne du dôme de fer a été accéléré peu après le conflit avec le Hezbollah libanais en 2006. Le nord d'Israël avait alors reçu 4000 roquettes.

Le gouvernement israélien a devancé son utilisation après le bris, il y a une dizaine de jours, de la trêve de fait avec le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. Le ministre de la Défense a insisté pour dire qu'il s'agissait encore d'un test.

Le système a été critiqué dans les médias israéliens pour son coût élevé - plus de 200 millions US - et ses capacités limitées.

«Un gaspillage d'argent»

«Ce n'est pas une solution, insiste Reuven Pedatzur, professeur à l'Université de Tel-Aviv. En aucune façon le système ne pourrait défendre une ville comme Sderot (ciblée à maintes reprises) parce que sa portée est trop courte. C'est un gaspillage d'argent.»

Selon cet analyste militaire, le dôme de fer serait inefficace pour des villes situées trop près de la bande de Gaza, parce que le temps que prend le système à détecter et à intercepter la menace serait supérieur à celui que prend la roquette pour atteindre sa cible, même dans un rayon de plus de 4 km. Il ajoute en outre que le système n'est pas conçu pour neutraliser des tirs de mortiers.

«C'est sûr que c'est loin d'être un système parfait, concède Uri Bar-Joseph, professeur de relations internationales à l'Université d'Haïfa. Mais je crois qu'il sera efficace, au moins pour une partie de la population touchée.»

Il souligne qu'un des effets du dôme de fer sera aussi... psychologique. «Les tirs de mortiers et de roquettes font peu de morts. Ce que ces attaques créent surtout, c'est un climat de peur et de panique. Le gouvernement veut rassurer la population. Il n'y a pas de risques connus avec le dôme de fer. Si on a un système, pourquoi ne pas l'utiliser?» dit-il.

Le coût du dôme de fer et de ses missiles d'interception pourrait par contre être prohibitif. Pour l'instant, une seule batterie est en service. Même si elle est mobile, elle ne peut couvrir qu'un territoire restreint.

L'armée a annoncé qu'une deuxième batterie pourrait cependant être déployée à Ashkelon, au sud de Tel-Aviv, mais aucune date n'a été avancée.

Avec l'Agence France-Presse et Reuters