Le nombre de victimes civiles augmente bel et bien en Afghanistan, mais c'est surtout en raison des attaques des opposants au gouvernement Karzaï. Cela nuit tout de même aux efforts des soldats occidentaux, qui peinent à convaincre la population que leur présence est bénéfique.

Telle est la conclusion d'un nouveau rapport sur la guerre contre les talibans publié hier, six mois avant le début du retrait des soldats américains. Les chiffres, tirés de statistiques américaines dévoilées pour la première fois, sont moitié moins élevés que ceux que l'ONU a publiés plus tôt cette semaine.

Selon l'analyse, réalisée par un journaliste du magazine Science, le nombre de victimes civiles est passé de 1150 à 1385 entre 2009 et 2010, dont 88% ont été tuées par les insurgés. La proportion de civils tués par les alliés du gouvernement Karzaï a chuté de 26%, en grande partie à cause de règles plus strictes de bombardements aériens.

L'ONU avait estimé à 2800 nombre de civils tués en 2010, dont 75% par les talibans et leurs alliés.

Vérifications plus poussées

«L'armée américaine a des règles plus strictes de confirmation des victimes civiles», explique l'auteur de l'analyse, John Bohannon, biologiste moléculaire qui a passé six mois en Afghanistan pour convaincre l'état-major américain du sérieux de ses analyses. «Par exemple, si on signale des victimes après une frappe aérienne, il faut une confirmation oculaire. L'ONU ne fait pas nécessairement ce genre de vérification, selon ce que j'en ai compris. On ne peut pas en être sûr, cependant, parce que la méthodologie de l'ONU n'est pas publiée. L'important, pour moi, c'est que la tendance décrite par les deux rapports est la même.»

L'armée américaine aurait-elle accepté la publication de ces données si elles n'avaient pas été favorables? «Je ne pense pas qu'ils considèrent que ce sont des données encourageantes, dit M. Bohannon. Une victime est une victime. Peu importe comment elle est morte, ça rend plus difficile la tâche de s'allier la population.»

L'armée américaine ne tient des statistiques que depuis 2008.

Un cousin du président Hamid Karzaï a été tué par les forces de la coalition durant un raid mené dans un district de la province de Kandahar sous le commandement des Forces canadiennes, une nouvelle qui devrait envenimer une relation déjà tendue entre le gouvernement afghan et l'OTAN. Le Commandement régional Sud, qui dirige les opérations de l'OTAN dans le sud de l'Afghanistan, a lancé une enquête après la mort de Yar Muhammad Karzaï, 63 ans. L'affaire s'est produite dans le village de Karz, à Dand, district situé au sud de la ville de Kandahar. Les soldats de l'OTAN ont également emprisonné son fils, avant de le relâcher hier matin. PC