Les appels à l'instauration d'une monarchie constitutionnelle se multiplient en Jordanie, où le gouvernement doit faire face à un vote de confiance et où une nouvelle manifestation de l'opposition est prévue vendredi.

Des personnalités politiques nationales et des islamistes indépendants ont formé une Commission pour l'instauration d'une monarchie constitutionnelle (CIMC), publiant lundi leur premier communiqué sur Facebook.

La commission formée de 26 membres affirme que la solution pour la Jordanie est de «passer à un régime de monarchie constitutionnelle (...) dans laquelle le roi règne mais ne gouverne pas».

«Le roi doit rester le dernier recours, un équilibre entre les pouvoirs et une garantie de sécurité», estime-t-elle.

Pour sa part, le principal parti d'opposition, le Front de l'Action islamique (FAI), réclame «des amendements à la Constitution», notamment concernant la loi électorale, et prône un système de gouvernement parlementaire, avec un Premier ministre élu et non désigné par le roi comme actuellement.

«Nous allons étudier toutes les propositions et tenter d'unifier les idées», a déclaré mardi à l'AFP le chef du bureau politique du FAI, Zaki Bani Rsheid, en précisant que le FAI réfléchissait à «un cadre national qui pourra inclure toutes les initiatives des différents regroupements politiques».

Ces contacts interviennent alors que le Premier ministre Maarouf Bakhit désigné début février par le roi --qui a limogé son prédécesseur Samir Rifaï pour calmer la rue-- a présenté le programme de son gouvernement au Parlement, qui débutera mercredi les discussions en prévision du vote de confiance.

M. Bakhit a promis «des réformes», «l'amendement de la loi électorale d'ici la fin de l'année, précédé par un dialogue public», tout en soulignant que ce «processus prendra du temps».

«Ce programme n'est pas sérieux. Evoquer la fin de l'année pour amender la loi électorale n'est pas acceptable et contredit les demandes populaires», a indiqué M. Bani Rsheid, qui a réaffirmé que le FAI donnait au gouvernement «un délai d'un mois pour réaliser des réformes».

«Nous poursuivons notre mouvement de protestation. Vendredi prochain, nous prévoyons une manifestation de 20.000 personnes à Amman et plusieurs autres manifestations dans le pays. Plus le gouvernement ralentit son action, plus nous allons faire monter les enchères», a-t-il ajouté.

M. Bakhit devrait obtenir le vote de confiance du Parlement, bien que ce dernier «sera serré», d'après des sources parlementaires.

La Chambre des députés, formée en majorité écrasante de loyalistes --les islamistes ayant boycotté les législatives de novembre -- avait été dénoncée pour avoir donné à M. Rifaï, en décembre, un vote de confiance exceptionnel de 111 votes sur 120 députés, alors que sa mauvaise gestion était au coeur de la grogne sociale.

Dans une tentative de redorer leur image, les députés ont adressé des critiques sévères à M. Bakhit et formé une commission parlementaire anti-corruption pour étudier un projet de casino agréé puis annulé lors de son mandat de Premier ministre en 2005-2007.

En outre, les députés ont violemment dénoncé l'autorisation de se rendre en aux Etats-Unis pour se soigner, accordée à un homme d'affaires, Khaled Chahine, condamné en octobre à trois ans de prison dans une affaire de corruption.

M. Bakhit a expliqué aux députés que selon plusieurs médecins, l'état de M. Chahine nécessitait qu'il soit hospitalisé aux Etats-Unis, tout en soulignant que cela n'annulait pas la sentence prononcée à son encontre.