Les forces de l'ordre de l'Otan ont tué 62 civils lors de plusieurs jours d'opérations mi-février dans la province de Kunar, dans l'est de l'Afghanistan, selon les conclusions d'une mission d'enquête mandatée par le président afghan Hamid Karzaï.

«Après trois jours d'enquête, nous avons déterminé que 62 civils, dont des femmes et des enfants, avaient été tués et dix blessés dans l'opération de l'Otan» dans le district de Ghaziabad, a déclaré à la presse à Kunar, le chef de la commission d'enquête, Shazada Massoud, un conseiller de M. Karzaï.

Un porte-parole de la force de l'Otan en Afghanistan (Isaf) a refusé de commenter ces conclusions, indiquant que la propre enquête de l'Isaf était toujours en cours.

Le 20 février, le président Karzaï, disant se baser sur des informations des services de renseignements afghans (NDS), avait affirmé que l'Isaf avait tué «environ 50 civils» lors de plusieurs jours d'opérations - alors toujours en cours - dans la province de Kunar.

Le gouverneur de la province, Fazlullah Wahidi, avait affirmé à l'AFP que 63 personnes avaient péri lors de ces opérations, parmi lesquels une cinquantaine de civils.

Jeudi, l'Otan a indiqué enquêter également sur des allégations faisant état de la mort de cinq civils, tués par des avions de l'Otan dans la province de Kapisa, au nord-est de Kaboul. Selon des habitants, ces civils chassaient dans la montagne quand ils ont été pris pour cible.

La force internationale, composée d'environ 132 000 soldats aux deux tiers américains, est régulièrement accusée par les autorités locales de tuer des civils lors de ses opérations aériennes ou au sol contre les insurgés, ce qu'elle reconnaît parfois après enquête.

La mort de ces civils nourrit le ressentiment de la population à l'égard des forces étrangères, plus de neuf ans après leur arrivée dans le pays.

En 2010, le président Karzaï avait estimé que le fait que «des civils soient tués» par la coalition en Afghanistan était l'une des raisons de «l'absence de progrès» dans la «guerre contre le terrorisme».

Conscient du problème, le commandant en chef de l'Isaf, le général David Petraeus, avait édicté en août 2010, des directives pour épargner les civils, poursuivant la stratégie de son prédécesseur de limiter le recours aux frappes aériennes qui avait permis de réduire le nombre de civils tués par l'Otan.

Les civils sont les premières victimes du conflit afghan. Au moins 2 400 ont péri en 2010 selon l'ONG afghane ARM (Afghan Rights Monitor) et 3 200 ont été blessés.

Selon ARM, deux tiers des civils tués ont été victimes des attentats-suicide, des bombes artisanales et des assassinats des groupes insurgés, tandis que les forces internationales sont responsables de 21% des décès.