Le président afghan Hamid Karzaï a affirmé dimanche que la Force de l'OTAN en Afghanistan (Isaf) avait tué «environ 50 civils» lors d'une opération toujours en cours dans la province orientale de Kunar.

«Environ 50 civils ont été tués durant des opérations menées par les forces internationales dans le district de Ghaziabad, dans la province de Kunar», déclare dans un communiqué le président Karzaï qui affirme se baser sur des informations fournies par l'agence afghane de renseignement (Direction nationale de la Sécurité, NDS) et des responsables locaux.

M. Karzaï «condamne fermement les pertes civiles infligées par les opérations militaires et les frappes aériennes des forces internationales (...) dans la province de Kunar» et a envoyé une délégation gouvernementale sur place afin qu'elle lui rende compte des circonstances de l'incident, selon le communiqué.

L'Isaf avait annoncé auparavant enquêter sur des allégations selon lesquelles une cinquantaine de civils avaient été tués lors d'opérations qu'elle mène actuellement dans le district de Ghaziabad.

Le gouverneur de la province, Fazlullah Wahidi, a affirmé à l'AFP que «63 personnes avaient péri», la plupart dans des frappes aériennes visant des insurgés présumés. Il a précisé qu'outre 13 insurgés, au moins 20 femmes avaient été tuées, 27 garçons et hommes âgés d'entre sept et vingt ans et trois vieillards.

«Les systèmes vidéo des appareils montrent que 36 insurgés, qui étaient armés, ont été tués. L'opération s'est déroulée dans une vallée reculée de la province de Kunar, sur un terrain très accidenté», de nuit, a précisé l'Isaf dans un communiqué.

La force internationale, composée d'environ 132 000 soldats aux deux tiers américains, est régulièrement accusée par les autorités locales de tuer des civils lors de ses opérations aériennes ou au sol contre les insurgés, ce qu'elle reconnaît parfois après enquête.

La mort de ces civils nourrit le ressentiment de la population à l'égard des forces étrangères, plus de neuf ans après leur arrivée dans le pays.

En 2010, le président Karzaï avait estimé que le fait que «des civils soient tués» par la coalition en Afghanistan était l'une des raisons de «l'absence de progrès» dans la «guerre contre le terrorisme».

Conscient du problème, le commandant en chef de l'Isaf, le général David Petraeus, avait édicté en août 2010, des directives pour épargner les civils, poursuivant la stratégie de son prédécesseur de limiter le recours aux frappes aériennes qui avait permis de réduire le nombre de civils tués par l'OTAN.

Les civils sont les premières victimes du conflit afghan. Au moins 2400 ont péri en 2010 selon l'ONG afghane ARM (Afghan Rights Monitor) et 3200 ont été blessés.

Selon ARM, deux tiers des civils tués ont été victimes des attentats-suicide, des bombes artisanales et des assassinats des groupes insurgés, tandis que les forces internationales sont responsables de 21% des décès.