Les forces de l'ordre se sont largement déployées dimanche dans le centre de Téhéran alors que des partisans de l'opposition tentaient de se rassembler en divers points, ont rapporté plusieurs sites d'opposition et des témoins.

L'agence Fars, proche du gouvernement, a en revanche affirmé que la situation était «totalement calme» dans la capitale.

Les correspondants de la presse étrangère n'ont pas le droit de se rendre sur place pour couvrir les manifestations, selon une interdiction en vigueur depuis le début des manifestations antigouvernementales déclenchées par la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009.

Selon les sites Kaleme et Sahamnews, des rassemblements sont intervenus sur plusieurs places et avenues du centre de Téhéran, où les manifestants lançaient des slogans «Allah Akbar» (Dieu est le plus grand).

Les forces antiémeutes et les miliciens islamistes, déployés en masse selon des témoignages parvenus à l'AFP, sont intervenus pour tenter d'empêcher ces rassemblements, parfois en faisant usage de gaz lacrymogène, ont indiqué ces sites en évoquant un jeu du «chat et de la souris» entre police et manifestants.

Le chef de la police de la circulation de Téhéran Hossein Rahimi a affirmé pour sa part que la trafic était «dense à cause de la présence des forces de l'ordre et des forces spéciales».

Les sites de l'opposition ont appelé à de nouveaux rassemblements antigouvernementaux ce dimanche à Téhéran pour commémorer le septième jour après la mort de deux jeunes tués lors d'une précédente manifestation le 14 février, dans des circonstances mal éclaircies.

Selon le pouvoir, ces deux personnes ont été tuées par des Moudjahidine du peuple, principal groupe d'opposition armé au régime de Téhéran. Les sites d'opposition affirment en revanche que les deux victimes étaient des partisans du mouvement de contestation «Vert».

Les autorités ont adressé samedi une ferme mise en garde contre toute nouvelle tentative de manifestation «illégale», après celle du 14 février qui a entraîné deux morts, plusieurs blessés et de nombreuses arrestations.

Cette manifestation, la première depuis un an, a eu lieu à l'appel notamment des deux principaux chefs de l'opposition réformatrice, l'ancien premier ministre Mir Hossein Moussavi et l'ancien président du Parlement Mehdi Karoubi, malgré un déploiement policier massif et des mises en gardes des autorités.

Depuis, les deux hommes ont été placés en résidence étroitement surveillée, tandis que de nombreux dirigeants conservateurs ont appelé à leur procès rapide et à leur «châtiment exemplaire».

Certains conservateurs, notamment au Parlement, ont même souhaité publiquement la «pendaison» des deux opposants accusés de «trahison», réclamée aussi par la foule lors d'une contre-manifestation organisée vendredi par le pouvoir.

La fille de l'ancien président brièvement arrêtée

Faezeh Hachemi, la fille de l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, a par ailleurs été arrêtée dimanche après-midi dans le centre de Téhéran alors qu'elle «lançait des slogans provocateurs» pour pousser les gens à manifester, a rapporté l'agence officielle Irna. Elle a été libérée peu après.

Faezeh Hachemi a été identifiée et arrêtée par la police sur l'avenue Vali-Asr alors qu'elle lançait des slogans provocateurs pour créer des troubles», a rapporté Irna.

L'agence ajoute qu'elle a participé à de «nombreuses reprises à des rassemblements illégaux» lors des troubles qui ont suivi la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009.

L'agence Fars affirme pour sa part qu'elle «dirigeait un groupe de contre-révolutionnaires et d'émeutiers» lorsqu'elle a été arrêtée.