Une personne a été tuée et plusieurs ont été blessées par des tirs lundi à Téhéran lors de la première manifestation anti-gouvernementale organisée depuis un an par l'opposition réformatrice.

Alors que les autorités avaient interdit tout rassemblement, des incidents ont éclaté en plusieurs endroits de la capitale entre des milliers de manifestants et les forces de l'ordre, selon les témoignages rapportés par des sites d'opposition ou recueillis par l'AFP.

Selon l'agence Fars, la personne tuée est un passant ayant succombé aux tirs quand «des éléments de la sédition et le groupe mercenaire terroriste Monafeghin ont ouvert le feu sur les passants et déclenché des émeutes dans la rue». Les tirs ont provoqué la «mort d'un citoyen et blessé plusieurs autres».

Le pouvoir qualifie les opposants de «séditieux» et utilise le terme Monafeghin (hypocrites) pour désigner les Moujahidine du Peuple, principale organisation de l'opposition armée.

«Plusieurs centaines de personnes» auraient été arrêtées, selon le site Kaleme.com du leader réformateur Mir Hossein Moussavi citant des «témoignages non confirmés».

Saluant le «courage» des manifestants, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a affirmé que Washington soutenait leurs revendications et  mis en garde contre l'usage de la violence à leur encontre. Elle a également appelé l'Iran à «ouvrir» son système politique.

Londres a appelé Téhéran à «protéger la liberté d'expression et d'association» et «faire preuve de retenue».

Les autorités avaient interdit aux médias étrangers de se rendre sur place pour couvrir les rassemblements.

La police a fait usage de lacrymogènes et de billes de «paintball» pour disperser des milliers de manifestants près de la grande place Azadi dans l'ouest de Téhéran, selon les témoignages.

Alors que ces rassemblements étaient silencieux au départ, certains manifestants ont commencé à crier des slogans anti-gouvernementaux, comme «mort au dictateur», selon les mêmes sources. Ils ont également incendié des poubelles.

Le site d'opposition Rahesabz a mentionné des incidents similaires près de l'université de Téhéran.

Selon Kaleme.com, les forces anti-émeutes et des miliciens islamistes auraient battu des manifestants et tiré en l'air pour disperser des rassemblements sur la grande avenue Enghelab.

Plusieurs milliers de personnes étaient parvenues, au cours de l'après-midi, à se rassembler pacifiquement par petits groupes le long de cette avenue en dépit d'une présence policière massive.

Selon Kaleme.com, qui fait état de «centaines de milliers de manifestants», des rassemblements ont eu lieu à Ispahan (centre de l'Iran), Chiraz (sud) et Machhad (nord-est).

La télévision a affirmé en début de soirée que l'intervention policière avait permis de mettre fin aux «rassemblements illégaux des séditieux».

Des incidents sporadiques semblaient néanmoins se poursuivre dans la capitale, alors que les Gardiens de la révolution prenaient position en certains endroits, selon des témoignages obtenus par l'AFP.

Il s'agit des premières manifestations publiques significatives de l'opposition depuis un an.

Les autorités étaient parvenues en février 2010, au prix d'une répression sévère qui avait fait des dizaines de morts, des centaines de blessés et des milliers d'arrestations, à mettre fin aux manifestations ayant suivi la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009.

Les rassemblements de lundi visaient officiellement à soutenir les mouvements populaires en Egypte et Tunisie.

Lundi, la police a bloqué et isolé à leurs domiciles les trois principales figures de l'opposition réformatrice, l'ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi, l'ancien président du Parlement Mehdi Karoubi et l'ancien président Mohamad Khatami, selon les sites de l'opposition.

Les autorités ont arrêté depuis jeudi une vingtaine de personnalités réformatrices, selon ces sites.