Trente-six personnalités appartenant aux grandes tribus jordaniennes, épine dorsale du régime, ont violemment critiqué dimanche la «crise de pouvoir» et la «corruption profonde» en Jordanie, estimant que le royaume connaîtra «tôt ou tard» une révolte populaire.

Dans un communiqué, elles estiment que la Jordanie «sera tôt ou tard la cible d'un soulèvement semblable à la Tunisie et l'Égypte (...) en raison de la répression des libertés, du pillage des fonds publics et de l‚ingérence de personnes qui n‚ont pas de pouvoirs constitutionnels» dans les décisions exécutives, dans une référence à la reine.

Les tribus représentent près de 40% de la population jordanienne et leur rôle est vital dans la vie politique et la stabilité du pays. Leur loyauté à la famille hachémite régnante a été cruciale dans des périodes de crises le siècle dernier.

Les personnalités soulignent que la Jordanie «traverse une crise de pouvoir», relevant l'importance grandissante «d'hommes d'affaires corrompus dans l'entourage de l'exécutif, qui influencent les décisions politiques alors qu'ils font fi des intérêts de la Jordanie».

Les responsables de tribus exigent «le jugement des corrompus qui ont pillé le pays, qui qu'ils soient et quels que soient leurs rangs et leur importance».

Ils demandent également des réformes politiques rapides à commencer par «une loi électorale moderne basée sur une consultation de toutes les forces politiques jordaniennes, l'élargissement des libertés et la formation d'un gouvernement de salut national qui supervisera des élections législatives transparentes».

Un site web populaire Ammonnews a affirmé dimanche avoir été la cible de «piraterie et d'attaques anonymes» pour avoir publié le communiqué des tribus.

«Le communiqué a été retiré de notre site par une intervention mystérieuse et notre site a été attaqué. Nous avons ensuite été informés que nous serons la cible de poursuites judiciaires», a déclaré à l'AFP le rédacteur en chef d'Ammonnews, Basel Okoor.

La Jordanie est actuellement en proie à un mouvement de grogne qui s'est traduit par plusieurs manifestations, rappelant celles qui on provoqué la chute du président Zine El Abidine Ben Ali mi-janvier en Tunisie et menacent actuellement le régime du président Hosni Moubarak en Égypte.