Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, s'est engagé samedi dans un entretien avec l'AFP à ne pas briguer un troisième mandat et a promis de tenter de modifier la constitution en ce sens.

«La constitution n'interdit pas un troisième, un quatrième voire un cinquième mandat, mais j'ai personnellement décidé de ne pas aller au-delà de ce mandat», a déclaré M. Maliki à Bagdad.

«J'espère modifier la constitution pour fixer une limite à deux mandats de Premier ministre», a ajouté M. Maliki, dont le second gouvernement a été investi en décembre par le Parlement, plus de neuf mois après les élections législatives.

M. Maliki avait formé son premier gouvernement en 2006.

«Deux mandats, huit ans, sont suffisants pour un Premier ministre, s'il a un programme, s'il est efficace et coopère avec le Parlement», a-t-il poursuivi.

«En toute humilité, j'ai été en mesure, pendant mon premier mandat, de faire face au confessionnalisme, à Al-Qaïda et à la détérioration des conditions de sécurité», a-t-il dit.

«Lors de ce mandat, je me concentre sur les services et la reconstruction», a-t-il ajouté en citant notamment les contrats pétroliers «qui vont sauver l'économie irakienne» et les chantiers dans le domaine de l'électricité.

«Je vais, au cours de ce mandat, achever les projets lancés pour que mon successeur trouve des réalisations solides et une meilleure économie.»

Interrogé sur ses intentions à la fin de son second mandat, le Premier ministre a indiqué qu'il entendait demeurer dans la politique.

«Je vais continuer à faire de la politique car ce pays a besoin d'être reconstruit», a-t-il dit.

À l'heure actuelle, la seule limitation du nombre de mandats concerne le président de la République qui, constitutionnellement, ne peut pas faire plus de deux mandats de quatre ans.

Le Premier ministre a également justifié sa décision, annoncée la veille, de diminuer de moitié son salaire, en révélant pour la première fois qu'il percevait un salaire mensuel de 35 millions de dinars (environ 30 000 dollars).

«J'ai décidé de diminuer mon salaire de moitié à partir de février», a-t-il dit. «Les gros salaires risquent de créer de l'agitation dans la société et mener vers la création de deux classes, l'une riche et l'autre défavorisée.»

Lors de la grande prière du vendredi, de nombreux imams ont estimé que l'Irak, même démocratique, n'était pas à l'abri du vent de révolte populaire qui souffle sur de nombreux pays arabes.

«Nous ne pouvons affirmer que ce qui s'est passé dans les pays arabes n'arrivera pas en Irak, même si le régime est démocratique», a averti dans son prêche Abdel Mahdi al-Karbalaï, représentant dans la ville sainte chiite de Kerbala, au sud de Bagdad, du Grand ayatollah Ali al-Sistani, le plus influent dignitaire chiite irakien.

L'Égypte est depuis 12 jours le théâtre de manifestations monstres pour réclamer le départ immédiat du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981.

Un mouvement de révolte semblable a provoqué le mois dernier la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali en Tunisie et des manifestations ont également eu lieu en Jordanie et au Yémen.