Le parlement allemand a voté vendredi la prolongation d'un an du très impopulaire mandat de la Bundeswehr en Afghanistan, évoquant pour la première fois un début de retrait à la fin de l'année «pour autant que le situation le permette».

Une large majorité des députés du Bundestag - 420 sur 622 - a approuvé la reconduction du mandat jusqu'au 31 janvier 2012, maintenant le plafond à 5350 hommes. L'an dernier 429 députés avaient approuvé un tel renouvellement.

«Le gouvernement fédéral est confiant de pouvoir réduire la présence de la Bundeswehr à partir de la fin 2011 dans le cadre du transfert de responsabilité pour la sécurité» aux forces afghanes, selon le texte adopté vendredi.

Le gouvernement d'Angela Merkel «utilisera toute marge de manoeuvre justifiable en matière de politique sécuritaire pour mettre en oeuvre dès que possible cette réduction (des forces) pour autant que la situation le permette, et sans pour autant mettre en danger nos troupes ou la pérénnité du processus de transfert» de responsabilités aux forces afghanes, ajoute le texte.

Pour le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle «ce jour marque un véritable changement dans le cadre de l'intervention en Afghanistan parce que pour la première fois le gouvernement fédéral n'appelle pas juste au renouvellement du mandat, mais y incorpore une perspective de retrait».

«Et nous voulons nous assurer qu'il n'y aura plus besoin de soldats allemands en Afghanistan d'ici 2014», a-t-il ajouté à la télévision ZDF.

2014 est la date communément retenue, conformément au projet de l'OTAN, pour un transfert complet des responsabilités pour la sécurité de l'ensemble du territoire aux Afghans. Cette date ne figure toutefois pas dans le texte adopté vendredi.

Le nombre maximum de soldats susceptibles d'être déployé en Afghanistan reste fixé, comme pour l'année écoulée, à 5350, y compris une réserve de 350.

Quelque 4860 soldats allemands sont actuellement sur le terrain, principalement dans le nord du pays, ce qui fait du contingent allemand le troisième en nombre au sein de l'ISAF (la force internationale de l'OTAN en Afghanistan), après celui des Américains (deux-tiers des 140 000 soldats de l'ISAF) et des Britanniques.

Le déploiement reste très contesté par l'opinion publique en Allemagne. À la mi-décembre, même Angela Merkel, pour la première fois, avait qualifié de «guerre» les combats en Aghanistan.

Selon un sondage rendu public vendredi par la chaîne de télévision publique ZDF, 59% des Allemands sont opposés à l'intervention militaire, tandis que 37% l'approuvent.

«Ce n'est qu'au parlement que ces chiffres sont inversés», a raillé Gregor Gysi, chef de file de Die Linke (extrême gauche), parti qui réclame le retrait immédiat des troupes.

Pour la première fois une majorité des députés Verts se sont abstenus au lieu de voter contre ce déploiement. Il y a dix ans, associés aux sociaux-démocrates (SPD) dans un gouvernement de coalition, avaient décider l'envoi de soldats en Afghanistan à la fin 2001.

Quarante-cinq soldats allemands ont perdu la vie dans ce pays depuis la fin 2001, début du conflit en Afghanistan. Selon M. Gysi, 711 y ont été blessés.

Pour Jürgen Trittin, un dirigeant des Verts, une majorité des députés de sa faction s'est abstenue parce que le gouvernement «n'offre aucun plan concret de retrait».

Pourquoi le gouvernement ne se montre-t-il pas au moins aussi clair que le président américain Barack Obama qui a déclaré mardi qu'il entamerait le retrait des troupes américaines d'Afghanistan en juillet, a dit M. Trittin en citant, en anglais, l'hôte de la Maison-Blanche.