Plus d'un million de chiites ont participé mardi à une cérémonie annuelle de deuil et de flagellation dans leur ville sainte de Kerbala, au sud de Bagdad, en dépit d'attaques sanglantes des insurgés sunnites qui ont fait ces derniers jours près de 60 morts.

Beaucoup sont venus à pied de toutes provinces d'Irak, comme le veut une tradition séculaire interrompue durant la dictature de Saddam Hussein, pour se mortifier à l'occasion de l'Arbaïn, qui marque le quarantième jour après le martyre de Hussein, fils d'Ali et petit-fils de Mahomet en 680.

Dans le conflit pour le leadership des musulmans 48 ans après la mort du fondateur de l'islam, la bataille fut remportée dans le désert de Kerbala par les troupes du calife omeyyade Yazid. Cette guerre devait par la suite symboliser le schisme entre les sunnites et les chiites.

Au rythme d'une musique funèbre, ces derniers, vêtus de noir et le front ceint d'un bandeau vert, ont tourné autour des mausolées de Hussein et de son demi-frère Abbas, en se frappant la tête et la poitrine en signe de repentance pour ne pas leur avoir prêté main forte dans cette bataille.

Cette cérémonie est exécrée par les sunnites et chaque année à cette occasion des insurgés de cette confession multiplient les attentats en dépit de mesures de sécurité extrêmement strictes. Six voitures piégées ont explosé en moins d'une semaine autour de Kerbala, faisant au moins 57 tués et près de 300 blessés parmi les pèlerins.

Abdel Hussein Sajit, venu de la province méridionale de Diwaniya, a été séparé de son épouse durant le chaos ayant suivi un des attentats de lundi et ne l'a retrouvée que le lendemain.

«Nous sommes arrivés au moment de l'explosion. Dans la bousculade nous nous sommes perdus de vue et elle a passé la nuit dans une mosquée réservée aux femmes où elle a été nourrie et a pu dormir», dit-il.

«Maintenant, nous voulons rentrer chez nous» ajoute-t-il en sortant hors de la ville à la recherche hasardeuse d'un bus où d'un taxi.

Le gouverneur de la province, Amal Eddine al-Her, a affirmé que près de 15 millions de pèlerins avaient fait le déplacement ces 15 derniers jours. Pour sa part Mohammad Sadiq al-Her, chef des hôteliers de la ville, a assuré que 50.000 pèlerins étrangers venus de 30 pays s'étaient rendus à Kerbala.

Selon Mohammad al-Moussawi, le président du conseil provincial, «l'effectif des forces de sécurité a été augmenté après les dernières attaques et les voitures n'ont pas eu le droit d'entrer dans la ville».

«Ces attaques n'ont fait que conforter notre volonté de commémorer le martyre de Hussein et ces actes ne nous empêcheront pas d'observer notre religion», a déclaré Mohammed Mohsen, 40 ans, qui fait partie d'un groupe de volontaires venus distribuer de la nourriture et des boissons aux pèlerins.

Selon le général Noaman Dakhel, chef de la force d'intervention rapide de la police, qui supervisait les opérations de sécurité à Kerbala, ses hommes ont mené plusieurs perquisitions qui ont abouti à l'arrestation de 32 personnes et à la découverte d'une cache d'arme.

C'est la première fois depuis 2003 que les forces de sécurité irakiennes sont seules en charge de la sécurité, les soldats américains se contentant de de la surveillance et de l'assistance.

Il reste moins de 50 000 soldats américains en Irak qui doivent quitter le pays fin 2011, conformément à l'accord de sécurité signé entre les deux pays.