Deux attentats suicide à la voiture piégée contre les forces de sécurité irakiennes et des pèlerins chiites ont fait 16 morts et plus de 130 blessés, mercredi au nord-est de Bagdad, au lendemain de l'attaque la plus meurtrière en Irak depuis près de trois mois.

Ce regain de violences illustre la difficulté de la police et de l'armée irakiennes à contrôler le pays à moins d'un an du retrait des forces américaines.

Si un nouveau gouvernement a finalement vu le jour en décembre après neuf mois de tractations, les portefeuilles stratégiques de la Défense et de l'Intérieur n'ont toujours pas été attribués.

L'attaque la plus meurtrière, mercredi, a été commise vers 10h dans le centre de Baqouba, à 60 kilomètres de Bagdad, quand un kamikaze a précipité une ambulance remplie d'explosifs contre l'entrée principale d'une base des forces de sécurité.

Au total, 14 personnes ont été tuées et 120 blessées, selon Faris al-Azzawi, porte-parole du département de la Santé de la province de Diyala, dont Baqouba est la capitale.

Soumaya Sabr, 53 ans, a été grièvement touchée à la tête, alors qu'elle se rendait à pied au marché.

«Je me trouvais à 100 mètres de l'entrée de la base», raconte-t-elle sur son lit d'hôpital. «J'ai vu l'ambulance arriver et des gardes venir à sa rencontre. Puis elle a explosé et j'ai perdu connaissance.»

La puissante déflagration a considérablement endommagé cette base, utilisée par un service chargé de la protection des bâtiments publics, de même que des bâtisses voisines, telles un hôpital pour femmes et enfants et une école primaire, où trois enfants et une institutrice ont été blessés, selon un responsable du commandement des opérations de Baqouba.

Il a affirmé que la base avait auparavant reçu un coup de téléphone d'un homme se faisant passer pour un responsable des services de santé annonçant l'arrivée d'une ambulance, ce qui aurait facilité l'approche du kamikaze.

Le lieu de l'attentat a été bouclé et les autorités ont interdit la circulation des véhicules dans la ville.

Une heure et demie plus tard, un autre kamikaze a fait exploser son véhicule au milieu de pèlerins chiites à Ghalbiya, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Baqouba, selon un responsable du commandement des opérations de la province.

Deux pèlerins ont été tués et 16 autres personnes blessées, parmi lesquelles le vice-gouverneur de la province, Saadek al-Husseini, trois de ses gardes du corps et deux journalistes d'une chaîne locale.

Le vice-gouverneur était venu saluer les fidèles en route pour la ville sainte chiite de Kerbala, au sud de Bagdad, où ils allaient célébrer l'Arbaïne, la fin du deuil organisé en souvenir du martyre en 680 de Hussein, petit-fils du prophète Mahomet et fils de l'imam Ali.

Zayed Assam, 37 ans, se trouvait sous une tente érigée pour permettre aux pèlerins de se reposer. Juste après l'arrivée du vice-gouverneur, une voiture a surgi en trombe.

«Elle a explosé avant d'atteindre la tente, tout a volé en l'air», a-t-il déclaré à l'hôpital de Baqouba. Lui a été blessé au ventre et à la jambe.

Ancien bastion d'Al-Qaïda, Diyala demeure l'une des plus violentes provinces d'Irak, du fait d'importantes tensions ethniques et confessionnelles.

Ces deux attaques sont intervenues au lendemain d'un attentat suicide à Tikrit, au nord de Bagdad, contre un centre de recrutement de la police qui, selon le ministère de l'Intérieur, a fait 50 morts et 150 blessés, soit le bilan le plus lourd depuis le carnage dans la cathédrale syriaque catholique de Bagdad le 31 octobre.