Un kamikaze s'est fait exploser mardi matin au nord de Bagdad au milieu d'un groupe patientant pour s'engager dans la police, tuant 50 personnes dans l'attentat le plus meurtrier en Irak depuis près de trois mois.

Cette nouvelle attaque, qui a fait 150 blessés, n'a pas été revendiquée, mais elle illustre la difficulté des forces irakiennes à assurer la sécurité de leur pays, à moins d'un an du départ prévu de l'armée américaine, qui compte toujours 50 000 hommes en Irak.

Imad Atta était arrivé dès 7h près du centre de recrutement de Tikrit, à 160 km au nord de Bagdad, dans l'espoir de s'engager dans la police, dont l'effectif national est supérieur à 440 000 hommes.

«Peu après 10h, j'ai entendu quelqu'un crier, puis plus rien. Je me suis réveillé dans ce lit», a raconté à un journaliste de l'AFP à l'hôpital cet homme de 21 ans, blessé à la jambe et à l'épaule par des éclats de bombe.

Au total, «50 personnes ont été tuées et 150 blessées», selon un responsable du ministère de l'Intérieur. Une source au sein de la police de Tikrit a fait état de 49 morts -47 aspirants policiers et deux agents- et 117 blessés.

Peu après l'attaque, des taches de sang et des morceaux de chair humaine étaient visibles par terre, de même que des vêtements et des chaussures.

Le secteur de l'attentat, en plein centre-ville, a été bouclé par les forces de sécurité, tandis que des ambulances ont continué plusieurs heures durant à emporter les victimes vers l'hôpital de cet ancien fief de l'ex-président Saddam Hussein, exécuté en 2006.

Cet établissement a été pris d'assaut par des parents de victimes paniqués, au point que la police a dû établir un cordon de sécurité autour de l'hôpital.

«J'essaie depuis des heures de joindre par téléphone mon frère qui se trouvait dans la file d'attente», a déclaré à l'AFP Mohammed Aiseh, 38 ans. «Je ne sais pas s'il est encore en vie.»

Pour leur assurer une meilleure prise en charge, certains blessés devaient être évacués vers des établissements de Bagdad, Mossoul et Kirkouk. Et dans toute la ville, les hauts-parleurs des mosquées relayaient des appels à des dons de sang.

Réuni en urgence, le conseil provincial a décrété trois jours de deuil et décidé de former une commission d'enquête pour identifier d'éventuelles négligences dans le dispositif de sécurité.

Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier depuis l'attaque en pleine messe de la cathédrale syriaque catholique de Bagdad le 31 octobre. Cette opération, revendiquée par la branche locale d'Al-Qaïda, avait fait 53 morts. Les cinq membres du commando armé avaient également péri.

Et c'est le premier attentat d'envergure depuis l'investiture le 21 décembre du nouveau gouvernement du premier ministre Nouri al-Maliki, qui a cité la sécurité comme l'une de ses priorités.

La France, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a condamné cette attaque «avec la plus grande vigueur».

Si les violences ont nettement diminué ces derniers mois, cet attentat illustre de nouveau les difficultés de la police et de l'armée irakiennes à mener à bien leur tâche.

Depuis la fin de la mission de combat de l'armée américaine le 31 août 2010, elles doivent assumer seules les missions de sécurité, mais continueront de bénéficier jusqu'à la fin de l'année de l'expertise des forces américaines.

Il s'agit du plus lourd bilan pour une seule attaque depuis le 17 août, quand un kamikaze s'était fait exploser aux abords d'un centre de recrutement de l'armée à Bagdad, faisant 59 morts et plus de 125 blessés. L'attentat avait été revendiqué par Al-Qaïda.