Le vice-président américain Joe Biden, en visite surprise mardi à Kaboul, a déclaré que les États-Unis resteraient en Afghanistan au-delà de l'échéance prévue de 2014 si le gouvernement afghan le leur demande.

Washington et ses alliés de l'OTAN, qui comptent quelque 140 000 soldats en Afghanistan, se sont mis d'accord l'an dernier pour confier la responsabilité de la sécurité de l'ensemble du pays aux forces afghanes d'ici à la fin 2014.

Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, avait toutefois assuré en novembre que les troupes internationales continueraient de soutenir l'armée afghane après cette date.

Mais plusieurs pays européens, dont les opinions publiques se lassent de ce conflit meurtrier qui dure depuis neuf ans, ont déjà annoncé leur intention de retirer leurs troupes du pays ces prochaines années.

«Nous ne partirons pas, si vous ne voulez pas que nous partions» en 2014, a déclaré M. Biden, arrivé la veille au soir dans la capitale afghane, lors d'une conférence de presse avec le président afghan Hamid Karzaï.

«Nous n'avons pas l'intention de gouverner (l'Afghanistan) ou de construire nous-mêmes une nation», car «cela est de la responsabilité du peuple afghan», a ajouté le vice-président américain, dont le pays fournit près des deux tiers des forces internationales déployées en Afghanistan.

«Notre stratégie et nos moyens sont en place pour accomplir notre objectif, un Afghanistan stable, florissant et indépendant, capable d'assurer sa propre sécurité», a-t-il assuré.

Washington, qui envisage de commencer à retirer ses soldats à partir de la mi 2011, a annoncé le 6 janvier l'envoi de 1400 Marines supplémentaires dans le sud du pays pour «consolider les progrès déjà réalisés» selon lui lors de ses récentes offensives dans le Sud, un des bastions des rebelles talibans.

L'avancée des talibans dans ces zones a été «largement stoppée», a assuré M. Biden. Mais «ces gains» sont «fragiles et réversibles» et les Afghans devront améliorer «leur sécurité et leur gouvernance» s'ils veulent «les conserver», a-t-il souligné.

M. Biden et M. Karzaï se sont entretenus durant près de deux heures en tête-à-tête au palais présidentiel de Kaboul, après une réunion élargie.

«Nous avons discuté du processus de transition en 2014», a déclaré le président afghan en se disant «très heureux» de cette «bonne discussion».

Les journalistes présents n'ont pas été autorisés à poser des questions, officiellement pour des raisons d'emploi du temps du vice-président.

Lundi soir, un membre de l'entourage de M. Biden avait indiqué à la presse que cette visite intervenait «à un réel tournant» dans la politique américaine en Afghanistan.

«Nous sommes passés de l'envoi de renforts l'an dernier à la transmission des responsabilités aux Afghans qui commencera cette année», avait-il ajouté.

En 2014, «les Afghans prendront les rênes de chaque district et province d'Afghanistan», avait-il déclaré, refusant «de spéculer» sur le maintien d'une éventuelle «présence de troupes de combat américaines» après cette date.

En décembre, le président américain Barack Obama s'était rendu en Afghanistan, mais n'avait effectué qu'une escale de quelques heures sur la base de Bagram, à 50 km de Kaboul, pour y rencontrer des soldats américains.

Il n'avait pas rencontré M. Karzaï, son déplacement à Kaboul ayant été annulé, officiellement en raison de la météo.

Les relations entre Washington et le président afghan se sont fortement dégradées depuis la réélection entachée de fraudes du second en 2009.

Interrogé sur ces tensions, le haut responsable américain avait assuré lundi que Washington et M. Karzaï étaient totalement «sur la même longueur d'onde».