Le premier ministre du Koweït, un membre éminent de la famille régnante des Al-Sabah à la gestion contestée, a échappé mercredi à une motion de censure mais l'opposition reste déterminée à le faire tomber.

Trois voix ont manqué pour censurer le premier ministre Nasser Mohammad al-Ahmad Al-Sabah, 70 ans, un neveu de l'émir Sabah al-Ahmad Al-Sabah sans cesse contesté depuis qu'il a été nommé à ce poste voilà cinq ans.

La dernière crise entre l'exécutif et le législatif a été provoquée par une intervention musclée le 8 décembre de la police contre un rassemblement de l'opposition pendant lequel des élus ont été bousculés et certains blessés.

Vingt-deux députés ont voté en faveur de la motion et 25 contre tandis qu'un élu s'est abstenu, a précisé devant la presse le président du Parlement, Jassem al-Khorafi à l'issue d'une séance de trois heures au Parlement tenue à huis clos au milieu d'importantes mesures de sécurité.

Un membre du gouvernement qui est aussi député n'est pas autorisé par la Constitution à prendre part au vote et l'un des élus est en voyage à l'étranger.

«Conformément à la Constitution, le Parlement réaffirme sa confiance et sa volonté de coopérer avec le premier ministre», a ajouté M. Khorafi après le vote.

Pour passer, la motion avait besoin de 25 voix des membres du Parlement qui compte cinquante sièges. Les ministres deviennent automatiquement membres du gouvernement mais n'ont pas le droit de voter les motions de censure.

La motion de censure, dite de «non-coopération», avait été déposée le 28 décembre par dix députés de l'opposition qui accusent le Premier ministre de violer la Constitution et de chercher à museler les opposants. Durant cette séance marathon, les députés avaient interrogé le Premier ministre sur des violations présumées de la Constitution lors de violences policières.

A l'issue du vote de mercredi, des députés de l'opposition ont indiqué qu'ils n'avaient pas l'intention de coopérer avec le gouvernement. «Ce n'est qu'un début (...) nous allons continuer à travailler dans la rue pour faire tomber ce gouvernement», a déclaré le député Mussallam al-Barrak.

«Cette crise ne prendra fin qu'avec la fin de ce gouvernement», a renchéri son collègue Jamaan al-Harbash, ajoutant qu'il était «impossible pour les députés de travailler avec un gouvernement qui humilie le peuple koweïtien».

L'opposition au premier ministre réunit des députés islamistes, des libéraux et même certains des représentants des tribus qui sont généralement fidèles à la famille des Al-Sabah.

Le Koweït, première monarchie arabe du Golfe à adopter dès 1962 le système parlementaire, connaît des crises politiques à répétition depuis cinq ans. Le gouvernement accuse périodiquement le Parlement d'obstruction alors que les députés ne cessent de dénoncer la mauvaise gestion de l'exécutif.

Ces crises compliquent les programmes de développement du Koweït qui contrôle 10% des réserves mondiales de pétrole et disposent d'avoirs estimés à 300 milliards de dollars.

Depuis mai 2006, l'émir a dissous le Parlement à trois reprises, et six gouvernements ont été formés sous la direction du même premier ministre.

Anticipant le vote de mercredi, l'opposition a organisé tard mardi un grand rassemblement pendant lequel ses ténors ont réaffirmé leur intention de continuer à défier le gouvernement, en annonçant la tenue chaque semaine d'une manifestation similaire pour maintenir la pression sur l'exécutif.