Les dirigeants palestiniens abordent 2011 déterminés à proclamer leur État dans l'année, peaufinant leurs alternatives à des pourparlers de paix avec Israël qui se sont révélés totalement stériles.

Symbole de ce changement de cap amorcé lors d'une réunion arabe en Libye le 8 octobre, le président Mahmoud Abbas a posé vendredi la première pierre de l'ambassade de Palestine au Brésil, pionnier des quatre pays latino-américains qui ont reconnu en décembre l'État palestinien sur les frontières d'avant juin 1967.

Depuis, M. Abbas décline les alternatives envisagées, s'échelonnant d'initiatives diplomatiques à des décision radicales, telle la suspension des accords conclus avec Israël, voire la dissolution de l'Autorité palestinienne.

Les stratèges palestiniens tablent sur une proclamation pour septembre 2011, triple échéance à leurs yeux. Il s'agit du terme de la période d'un an fixée pour les négociations de paix directes, ainsi que du plan de deux ans du premier ministre Salam Fayyad pour jeter les bases d'un État, et de la date de la prochaine Assemblée générale des Nations unies.

M. Abbas a prévenu le 11 novembre qu'il considérait comme un «engagement» du président Barack Obama son évocation devant l'Assemblée générale de l'accueil au sein de instance de la Palestine comme «nouveau membre de l'ONU» en cas d'accord de paix.

Face à la réticence des États-Unis, parrain des négociations, à reconnaître leur État, les représentants palestiniens sollicitent une reconnaissance sur les lignes de 1967. Ils comptent porter cette revendication devant le Conseil de sécurité, une fois atteinte la masse critique de pays disposés à y accéder.

«Les efforts en cours pour obtenir la reconnaissance de l'État préparent le terrain à une démarche devant le Conseil de sécurité», a expliqué le 19 décembre le ministre des Affaires étrangères Riyad al-Maliki.

À défaut, les Palestiniens prévoient de se retourner vers l'Assemblée générale, habilitée à se suppléer au Conseil si celui-ci est paralysé par le veto d'un membre permanent, en vertu d'une résolution adoptée en 1950, en pleine Guerre froide.

L'examen prochain par le Conseil d'un projet de résolution palestinien et arabe appelant à l'arrêt de la colonisation juive devrait permettre de mesurer la détermination des États-Unis à exercer leur veto en faveur d'Israël.

Indépendamment de la viabilité d'un État proclamé sans accord israélien, les Palestiniens jugent qu'une «reconnaissance collective» par la communauté internationale aurait le mérite de poser le principe d'une négociation pour toute modification territoriale et de permettre à la Palestine d'évoluer sur la scène internationale comme un État à part entière.

Israël s'alarme de ce mouvement diplomatique en Amérique latine et en Europe, où plusieurs pays ont rehaussé le niveau des représentations palestiniennes.

«Je ne serais pas surpris si dans l'année à venir, le monde entier, y compris les États-Unis, reconnaissait un État palestinien», a prévenu le 26 décembre le ministre israélien de l'Industrie Binyamin Ben Eliezer.

Si ces efforts n'aboutissaient pas, les dirigeants palestiniens envisagent de réclamer un placement sous administration internationale, soit par la réactivation du Conseil de tutelle de l'ONU, chargé d'accompagner des territoires colonisés vers l'autonomie ou l'indépendance, soit plus vraisemblablement sur le modèle du Kosovo.

Le président Abbas s'est référé à l'exemple des Palaos, dernier État à accéder à l'indépendance par la voie du Conseil de tutelle, en 1994, lors d'une rencontre avec les ambassadeurs arabes au Brésil, selon l'agence palestinienne indépendante Maan.

Mais l'instauration d'une administration internationale serait là encore suspendue à un éventuel veto américain.

Dans une déclaration télévisée vendredi, M. Abbas a exhorté la communauté internationale à substituer un plan de paix à un processus devenu un instrument «de gestion plutôt que de résolution du conflit».