Le Parlement irakien a accordé mardi sa confiance au gouvernement d'unité nationale dirigé par Nouri al-Maliki et a adopté son programme visant à libéraliser l'économie, développer la production pétrolière et combattre le terrorisme.

Ce gouvernement de compromis, avec une seule femme qui est secrétaire d'État sans portefeuille, a été mis en place neuf mois après les élections législatives qui n'avaient dégagé aucune réelle majorité.

Dix des 45 portefeuilles du gouvernement de M. Maliki, qui entame son second mandat, n'ont pas encore été pourvus notamment pour pouvoir, selon le premier ministre, intégrer des femmes.

Selon un décompte de l'AFP, parmi les 35 ministres nommés figurent 20 chiites, 10 sunnites, 4 kurdes et un chrétien

Le Parlement a voté séparément pour 31 ministres et secrétaires d'État, trois vice-premiers ministres et le chef du gouvernement. M. Maliki assure lui-même l'interim des trois portefeuilles de la sécurité et sept autres ministres occupent deux postes jusqu'à la nomination d'un titulaire.

Washington, Londres et l'UE ont salué la formation du gouvernement. Le président américain Barack Obama a qualifié le vote de «moment important de l'histoire de l'Irak», le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, estimant que «cela renforcera la stabilité en Irak».

Pour la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton il s'agit d'«un autre chapitre important pour le développement de la démocratie dans le pays».

L'Alliance Nationale, qui regroupe les partis religieux chiites et occupe 159 des 325 sièges, s'octroie la part du lion avec le poste de Premier ministre, un de vice-premier ministre et 17 portefeuilles, dont celui du Pétrole.

Iraqiya (91 sièges) obtient un poste de vice-premier ministre et huit ministères, dont les Finances, et les Kurdes (57 sièges) gardent leur poste de vice-premier ministre et gèrent trois ministères, dont les Affaires étrangères. La petite coalition Wassat (10 sièges) obtient deux ministères et un chrétien devient ministre de l'Environnement.

M. Maliki a expliqué aux députés qu'il avait décidé de retarder des nominations en raison de la réception tardive de certains postulants et parce qu'il n'avait reçu qu'une candidature de femme des groupes politiques.

«Aujourd'hui la démocratie a été décapitée par le sexisme comme elle l'a été autrefois par le confessionnalisme», a raillé la députée kurde Ala Talabani.

Les députés ont approuvé le programme gouvernemental en 43 points qui prévoit notamment «de passer à une économie de marché», d'«accroître la production pétrolière» et de «lutter contre le terrorisme et le confessionnalisme».

Le cabinet est totalement renouvelé en dehors du Premier ministre, d'un vice-Premier ministre kurde, et de l'indeboulonnable chef de la diplomatie en poste depuis 2003, Hoshyar Zebari, du ministre de la Jeunesse et des Sports et de deux secrétaires d'État.

Le chef de la liste laïque Iraqiya, le rival de M. Maliki, et qui a longtemps espéré occuper son poste, a proposé de «tourner la page». «Nous espérons que le gouvernement, né dans la douleur, réussira pour le bien de la population et nous lui apportons notre plein soutien», a déclaré Iyad Allawi.

«Ce cabinet ne représente pas l'ambition du premier ministre mais celles des groupes politiques. (M. Maliki) aurait préféré diriger un gouvernement basé sur une majorité (parlementaire) plutôt qu'un cabinet d'alliances. Mais les résultats des élections ont fait qu'un gouvernement de la majorité aurait été un gouvernement d'une seule couleur confessionnelle, ce qu'il a voulu éviter», a indiqué un proche conseiller du premier ministre Ali Moussawi.

Les législatives de mars ont été marquées par le confessionnalisme. Les chiites ont voté pour la liste de l'État de droit de M. Maliki et l'Alliance nationale irakienne, alors que les sunnites se sont prononcés en masse pour la liste laïque Iraqiya de l'ancien premier ministre Iyad Allawi.