Les ministres européens des Affaires étrangères vont réaffirmer lundi dans une déclaration être prêts «lorsque cela sera approprié» à reconnaître un État palestinien indépendant, alors que les négociations de paix sont dans l'impasse, selon des sources diplomatiques.

Le texte, obtenu par l'AFP et objet d'intenses négociations entre les représentants des pays de l'UE depuis la semaine dernière, «regrette» le refus d'Israël de prolonger le gel de sa colonisation en Cisjordanie, qui reste «illégale» au regard du droit international.

Il souligne que l'Union européenne est disposée à contribuer «à une solution négociée» complète entre Israéliens et Palestiniens dans le délai «de 12 mois fixé par le Quartette» sur le Proche-Orient, soit d'ici à la fin 2011. Et réaffirme le droit des Palestiniens à un État souverain.

La déclaration européenne, qui doit encore être validée dans l'après-midi au cours d'une réunion des ministres qui s'est ouverte à Bruxelles, soutient également un récent rapport de la Banque mondiale selon lequel l'Autorité palestinienne, si elle continue sur sa lancée, sera en mesure d'établir «dans un proche avenir» un État palestinien.

À ce sujet, l'Union européenne «réitère être prête, lorsque cela sera approprié, à reconnaître un État palestinien», rappelant une déclaration européenne en ce sens datant de 1999 et faite à Berlin.

Face au blocage persistant des négociations de paix, les Palestiniens ont commencé à explorer des solutions de substitution, en particulier en demandant la reconnaissance de leur État sur les frontières de 1967. Ils ont obtenu la reconnaissance du Brésil et de l'Argentine, et l'Uruguay a annoncé son intention d'imiter ses deux voisins en 2011.

L'UE affirme pour sa part que, le moment venu, elle ne reconnaîtra aucun changement aux frontières de 1967 d'un futur État palestinien, autres que ceux négociés par les deux parties. «Cela pourrait inclure des échanges de territoires négociés», ajoute le texte.

Selon un diplomate européen, c'est la première fois que l'Union mentionne explicitement cette possibilité de compromis sur la délimitation définitive des deux États dans une déclaration sur le Proche-Orient.

Le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a demandé, lui, lundi au chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, la reconnaissance de l'État palestinien sur les frontières antérieures à l'occupation israélienne en 1967.

Dénonçant les actions israéliennes sur le terrain, il «affirme la nécessité d'une reconnaissance par l'Union européenne de deux États (israélien et palestinien, NDLR) sur les frontières de 1967 et de contraindre le gouvernement israélien à arrêter complètement la colonisation, y compris à Jérusalem-Est».

M. Erakat assure qu'une «telle mesure de la part de l'Union européenne constituerait une protection pour le principe de deux États et du processus de paix».

Afin d'aider à la levée du blocus de Gaza, les Européens réaffirment aussi leur disposition à apporter un soutien accru aux contrôles des flux de marchandises et de personnes.

L'UE envisage de contribuer à l'amélioration des infrastructures des points de contrôle, à acheter et fournir les équipements nécessaires et à former les personnels palestiniens des points de contrôle.