De récentes campagnes internationales menées en faveur de deux prisonniers en Iran semblent avoir porté leurs fruits. Dans la même journée hier, la condamnée à mort Sakineh Mohammadi-Ashtiani et le blogueur canado-iranien Hossein Derakhshan, condamné à 19 ans de prison, ont goûté à la liberté.

C'est le Comité antilapidation, établi en Allemagne, qui a annoncé hier que Sakineh Mohammadi-Ashtiani, ainsi que son fils et son avocat auraient été libérés en Iran.

L'information a aussi été relayée par Press TV, chaîne de télévision anglophone financée par le gouvernement iranien. Des images de l'Iranienne de 43 ans, en compagnie de son fils Sajad, ont été diffusées à cette antenne.

L'Iranienne, emprisonnée à Tabriz, a été condamnée à mort par lapidation en 2006 pour avoir «entretenu une relation illicite hors du mariage». L'annonce de son exécution imminente par The Guardian en juillet a soulevé l'ire de plusieurs gouvernements, organisations et personnalités publiques, dont Carla Bruni-Sarkozy, qui ont demandé sa libération. La femme du président français s'était ainsi attiré les foudres de médias ultraconservateurs iraniens qui l'avaient traitée de «pute» à la suite de propos qu'elle avait tenu au sujet de Mme Mohammadi-Ashtiani.

Lors d'une entrevue donnée à Press TV en août, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad avait promis de s'occuper personnellement de ce cas, laissant présager un revirement possible. Cependant, la nouvelle de la libération de la condamnée a estomaqué les militants. «Ce jour sera reconnu dans les livres d'histoire iraniens comme un jour de victoire pour les droits de l'homme, a dit hier Mina Ahadi, du Comité antilapidation. «Je suis très heureuse pour son fils Sajad, qui s'est battu seul et bravement en Iran pour dire au monde que sa mère est innocente.»

Par voie de communiqué, la femme du premier ministre Stephen Harper, Laureen Harper, s'est «réjouie d'apprendre que Sakineh Mohammadi-Ashtiani -qui a été victime d'un emprisonnement injuste- a apparemment été libérée». Mme Harper avait imploré Téhéran de relâcher la condamnée à mort, dans une lettre.

Deux jours de permission

Détenu en Iran depuis près de deux ans pour avoir «collaboré avec des gouvernements étrangers», le blogueur Hossein Derakhshan, qui détient la double nationalité iranienne et canadienne, n'a pour sa part pas été libéré, mais a reçu pour une première fois la permission de visiter sa famille pendant quelques jours.

Sa conjointe, que La Presse a jointe en France hier, se dit optimiste pour la suite des choses. «Hier (mercredi), je lui ai parlé pour la première fois en deux ans. Il m'a dit qu'il a l'impression que les choses bougent dans son dossier. Il espère être libéré d'ici un à deux mois, a raconté Sandrine Murcia. Au téléphone, sa voix était bonne, pleine d'espoir.»

La jeune femme, qui est la compagne du blogueur depuis quatre ans, est convaincue que le mouvement de solidarité qui s'est fait entendre depuis que M. Derakhshan a été menacé de la peine de mort l'été dernier a fait toute la différence. Plusieurs sites web ont été mis sur pied en faveur du «père de la blogosphère iranienne», du surnom de M. Derakhshan.

La permission de 48 heures du prisonnier est assortie d'une lourde caution. En septembre, les parents du jeune homme de 35 ans avaient offert une caution de 300 000 euros en échange d'une libération de quelques jours. Selon les médias iraniens et des proches de la famille, les Derakhshan ont finalement dû offrir plus d'un millionde dollars en garantie pour la mise en liberté temporaire.

Le gouvernement canadien, qui demande depuis deux ans la mise en liberté de son citoyen, n'a pas rappelé La Presse hier.

- Avec l'AFP et The Guardian

Photo: PC

La permission de 48 heures du blogueur canado-iranien Hossein Derakhshan est assortie d'une lourde caution.