Le greffier du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a annoncé jeudi qu'un acte d'accusation, au contenu confidentiel, serait déposé «très, très bientôt» dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri en 2005.

«Il n'y a pas encore de date mais ce que je peux vous dire, c'est que ce sera très, très bientôt», a déclaré Herman von Hebel, lors d'un entretien avec des agences de presse au siège du TSL à Leidschendam, dans la banlieue de La Haye.

«Nous ne parlons plus de mois, nous parlons vraiment en semaines», a-t-il ajouté. Interrogé sur la possibilité d'une remise de l'acte de d'accusation au juge de la mise en état avant le début des vacances d'hiver du TSL mi-décembre, il a répondu: «je ne peux ni le confirmer ni l'exclure».

L'acte d'accusation présenté par le procureur du TSL, le Canadien Daniel Bellemare, restera «confidentiel au moins jusqu'à ce qu'il soit confirmé par le juge de la mise en état», le Belge Daniel Fransen, a indiqué le greffier.

Il devrait falloir «6 à 10 semaines» au magistrat pour confirmer l'acte d'accusation, a-t-il ajouté. Le juge peut aussi l'infirmer, demander des éléments supplémentaires au procureur ou rejeter un ou plusieurs chefs d'accusation, selon le règlement du tribunal.

Un procès pourrait débuter «dans les quatre à six mois» suivant la confirmation de l'acte d'accusation, a estimé le greffier. «En septembre ou octobre, quelque chose comme cela, à un moment donné dans la seconde moitié de l'année», a-t-il précisé.

Ces estimations sont basées sur l'expérience des autres tribunaux internationaux, a-t-il souligné : «cela dépendra vraiment de ce qui se passera l'an prochain au tribunal».

Le TSL, créé en 2007 en vertu d'une résolution des Nations Unies à la demande du Liban, est chargé de juger les responsables de l'attentat à la camionnette piégée au cours duquel Rafic Hariri et 22 autres personnes avaient été tués le 14 février 2005 en plein coeur de Beyrouth.

Selon plusieurs médias étrangers, l'enquête se dirige vers une mise en cause du Hezbollah, le puissant mouvement chiite libanais allié de la Syrie et de l'Iran.

«Ce tribunal ne vise pas un groupe de gens en particulier, il s'agit d'établir qui a été impliqué dans l'attentat contre M. Hariri», a souligné M. von Hebel: «nous parlons de responsabilité individuelle et non de responsabilité collective».

Le greffier a rappelé que le TSL avait la possibilité d'organiser un procès «in absentia», en l'absence des accusés, si ceux-ci n'ont pas été arrêtés. «C'est nouveau par rapport aux autres tribunaux internationaux».

«Seul le juge de la mise en état connaîtra le contenu de l'acte d'accusation, et bien sûr le procureur, et personne d'autre, pas non plus un suspect», a affirmé par ailleurs M. von Hebel.

«Une fois l'acte d'accusation confirmé, il (le juge de la mise en état, NDLR) décidera si les noms sont rendus publics ou si l'acte d'accusation reste confidentiel jusqu'aux arrestations».

Une éventuelle mise en cause du Hezbollah, soutenu par l'Iran, suscite les craintes d'un regain de violences au Liban qui a connu une guerre civile (1975-1990), des conflits dévastateurs entre Israël et le Hezbollah et des heurts intercommunautaires sanglants en mai 2008.