Une partie des sociétés privées de sécurité installées en Afghanistan pourront continuer à y opérer sous certaines conditions, a annoncé lundi le gouvernement, confirmant des amendements au plan du président Karzaï qui prévoyait leur interdiction totale.

52 sociétés qui ont reçu l'aval du gouvernement pourront continuer à assurer la sécurité des forces internationales, des agences de l'ONU, des agences d'aide gouvernementales, des ONG et des médias étrangers, a annoncé un conseiller du ministère de l'Intérieur, Abdul Manan Farahi.

Une cinquantaine d'autres, dont la liste sera annoncée en décembre, seront en revanche interdites, et celles qui font l'objet d'enquêtes criminelles pourraient l'être elles aussi, a-t-il précisé lors d'une conférence de presse à Kaboul.

Les compagnies employées pour protéger des projets de développement pourront rester jusqu'à la fin du projet mais devront être dissoutes après, a-t-il ajouté. La sécurité des autres projets de développement sera assurée par la police afghane après signature d'un contrat rémunéré entre le ministère et les agences d'aide concernées. Ces policiers seront recrutés dans les régions concernées par la police, qui les entraînera.

«Ces compagnies continueront à opérer en accord avec les lois et règlements en vigueur», a ajouté M. Farahi.

En août dernier, M. Karzaï avait ordonné à la surprise générale la dissolution de toutes les sociétés privées de sécurité - afghanes et internationales - d'ici à la fin de l'année, les accusant d'engloutir une grande partie de l'aide internationale, d'alimenter la corruption, de nuire au développement des forces de sécurité afghanes et d'alimenter l'insécurité.

Fin octobre, il avait toutefois avait laissé entrevoir des assouplissements pour rassurer les Occidentaux inquiets des conséquences de cette interdiction sur leurs projets de développement et la sécurité de leurs infrastructures.

Selon les nouvelles règles en vigueur, les sept compagnies de sécurité qui étaient autorisées à escorter les convois de ravitaillement des forces de l'Otan devront désormais être accompagnés de policiers, a précisé M. Farahi.

Les bureaux des compagnies de sécurité devront également quitter l'enclave diplomatique de Kaboul, située dans le quartier de Wazir Akbar khan, pour s'établir dans les quartiers périphériques, a ajouté M. Farahi.

Les nouvelles règles stipulent également que les employés des compagnies de sécurité devront porter un uniforme mais ne pourront plus porter des armes dans les régions où ils ne sont pas en service, procéder à des arrestations, fouiller des maisons ou bloquer des routes pour quelque raison que ce soit.

Selon le ministère de l'Intérieur, les 52 sociétés autorisées emploient 26 510 personnes, dont 3400 étrangers.

Certaines de ces sociétés participent à l'entraînement de l'armée et de la police afghanes, censées prendre en charge le contrôle de la sécurité de la totalité du pays à la place des forces étrangères d'ici à la fin 2014.

À l'instar de l'Irak après 2003, le marché de la sécurité privé a explosé en Afghanistan depuis 2001, et encore plus ces dernières années en raison de l'insécurité grandissante dans le pays, où la faiblesse du gouvernement a favorisé l'essor des groupes rebelles et criminels.