Le président des États-Unis Barack Obama effectuait vendredi une visite surprise en Afghanistan pour rencontrer des soldats américains.

L'avion présidentiel Air Force One a atterri sur le sol afghan à la nuit tombée vendredi soir, a constaté un photographe de l'AFP. La visite, qui doit durer trois heures, avait été gardée secrète pour des raisons de sécurité.

Lors de cette visite, M. Obama ne quittera pas la base aérienne de Bagram, à 50 km de Kaboul.

Une vidéoconférence qui devait être organisée entre MM. Obama et Karzaï a été annulée, en raison notamment de difficultés techniques, selon la Maison-Blanche.

L'option de la vidéoconférence avait été choisie car le mauvais temps régnant sur la région empêche M. Obama de se déplacer en hélicoptère vers la capitale.

Les deux dirigeants doivent en fin de compte avoir un entretien téléphonique.

Il s'agit de la deuxième visite de M. Obama en Afghanistan depuis sa prise de fonctions en janvier 2009. La précédente s'était déroulée fin mars dernier.

Le déplacement de M. Obama en Afghanistan intervient aussi deux semaines après le sommet de l'OTAN à Lisbonne, lors duquel a été officialisée la décision d'engager en 2011 le processus de transfert des responsabilités en matière de sécurité à la police et à l'armée afghanes, un passage de relais qui s'achèverait fin 2014.

«Nous sommes en bien meilleure posture aujourd'hui qu'il y a un an» en Afghanistan, avait alors insisté M. Obama.

Mais un responsable de la Maison-Blanche avait aussi estimé que la Force internationale de l'OTAN dans le pays (ISAF) devrait faire face à de «durs combats» avant de pouvoir transférer la responsabilité de la sécurité de tout le pays.

M. Obama avait aussi reconnu à Lisbonne que les discussions avec le président Karzaï pouvaient être «rudes», notamment sur la «question des victimes civiles» en Afghanistan.

«Il peut y avoir des désaccords forts. Parfois de vraies tensions», en particulier sur «la question des victimes civiles, une question totalement légitime de la part du président Karzaï», avait déclaré M. Obama.

M. Karzaï avait auparavant froissé Washington en estimant que les États-Unis devaient réduire la visibilité et l'intensité de leurs opérations militaires en Afghanistan.

Le président afghan demandait en particulier l'arrêt des opérations des forces spéciales américaines qui, selon lui, exaspèrent les Afghans et pourraient aggraver l'insurrection talibane.

Washington avait poliment mais fermement répliqué en estimant que le recours à des opérations ciblées était «un élément-clé» de l'effort des alliés.

L'année 2010 est déjà la plus meurtrière en neuf ans de conflit pour la coalition étrangère en Afghanistan, où États-Unis et OTAN disposent actuellement de plus de 150 000 soldats.

Cette visite surprise de vendredi intervient aussi dans le contexte de la publication de dizaines de milliers de câbles diplomatiques américains par le site WikiLeaks, dont certains montrent la profonde défiance de Washington envers le président Karzaï.

Selon ces documents, les États-Unis sont exaspérés par l'omniprésence de la corruption en Afghanistan et par la vision «paranoïaque» du monde de son président Karzaï.

Selon une des notes, plus de 190 millions de dollars ont transité depuis l'aéroport de Kaboul vers Dubaï entre juillet et septembre, à l'époque de la réélection de M. Karzaï, qui avait déclenché des protestations internationales en raison de soupçons de fraude.

Dans les télégrammes, l'ambassadeur américain Karl Eikenberry exprime ses inquiétudes face à l'étendue de la corruption dans le pays et la façon de penser de M. Karzaï, adepte des théories du complot.

Il dépeint notamment M. Karzaï comme «un individu paranoïaque et faible, peu familier avec les bases de la construction d'un pays», mais qui se voit comme «un héros national qui peut sauver le pays de la division».