Vingt-trois personnes ont été tuées mercredi dans un attentat suicide contre une procession religieuse dans un fief de la rébellion chiite dans le nord du Yémen, attribué par un chef tribal à Al-Qaïda.

Le bilan de l'attentat, qui était de 17 morts selon le porte-parole de la rébellion zaïdite Mohammad Abdel Salam, s'est élevé à 23 victimes, ont indiqué à l'AFP des sources tribales, affirmant que les victimes étaient des partisans ou des combattants de la rébellion.

L'attentat risque de fragiliser davantage le cessez-le-feu conclu il y a neuf mois entre le pouvoir central à Sanaa et les rebelles chiites zaïdites dans le Nord, qui avait mis fin à un cycle de six mois de violences sanglantes.

«L'attentat a fait 23 morts», a déclaré à l'AFP un responsable tribal.

Ce nouveau bilan a été confirmé par d'autres sources tribales, selon lesquelles «11 morts, enterrés peu après l'attentat, étaient des partisans de la rébellion houthie».

«Les corps des 12 autres personnes, des combattants houthis, ont été évacués par des membres de la rébellion», a précisé l'une de ces sources.

L'attentat a été perpétré alors que les zaïdites, issus d'une branche du chiisme, s'apprêtaient à célébrer la fête d'Al-Ghadir, commémorant selon la tradition chiite, le jour de la désignation d'Ali, leur premier imam, comme successeur du prophète Mahomet.

Ils étaient rassemblés sur une route menant au lieu de la célébration à Al-Jawf, frontalière de la province d'Amrane, un autre fief de la rébellion zaïdite, dite houthie en référence à son chef Abdel Malak al-Houthi.

Le porte-parole des rebelles a indiqué qu'il pourrait s'agir d'un attentat suicide, perpétré selon lui à l'initiative «des services de renseignement américain et israélien pour plonger le Yémen dans un conflit confessionnel et tribal».

Un chef tribal de la province d'Al-Jawf a en revanche accusé Al-Qaïda, violemment anti-chiite, d'être responsable de l'attentat.

«Un kamikaze au volant d'une voiture tout-terrain s'est lancé contre le convoi» qui se rendait à une cérémonie pour la fête d'Al-Ghadir, a affirmé le chef tribal à l'AFP. «Parmi les tués figurent un chef tribal d'Al-Jawf, Hussein Ben Ahmed Ben Hadhbane, et son fils», a-t-il précisé.

La province d'Al-Jawf est située à l'est de celle de Saada, bastion de la rébellion, qui connaît un regain de tension en dépit du cessez-le-feu.

Mardi, le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) s'est inquiété de l'«escalade alarmante» des combats dans le nord du Yémen près de la frontière avec l'Arabie saoudite.

«Au moins 20 personnes ont été tuées et d'autres blessées ces dix derniers jours dans les pires violences au nord du Yémen depuis la signature du cessez-le-feu en février» 2010, a déclaré un porte-parole du HCR, Andrej Mahecic.

Selon lui, des agences humanitaires et d'autres témoins ont constaté que de nouveaux affrontements entre rebelles et tribus pro-gouvernementales avaient éclaté le 13 novembre à Saada.

Le cessez-le-feu avait été signé après la dégradation de la situation à la frontière avec l'Arabie saoudite qui avait fait craindre l'explosion d'un conflit régional.

Il avait mis fin à un cycle de six mois de violences dans la «Sixième guerre» dans le Nord depuis 2004 qui a fait plusieurs milliers de morts et plus de 250 000 déplacés.

Les zaïdites yéménites, majoritaires dans le Nord, dénoncent une marginalisation politique, sociale et religieuse.