Les pays de l'Otan ont donné samedi leur aval à une stratégie de sortie d'ici à quatre ans d'une majorité de leurs soldats d'Afghanistan, en transférant la responsabilité des combats à l'armée afghane, et se sont engagés à soutenir à long terme le gouvernement de Kaboul.

«Nous avons lancé le processus par lequel le peuple afghan va redevenir maître de sa propre maison», a souligné le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen au second jour d'un sommet dont l'Afghanistan était le sujet principal.

 

 

Avec le président afghan Hamid Karzaï, «nous nous sommes entendus sur un partenariat à long terme qui va perdurer au-delà de notre mission de combat», a-t-il tenu à préciser.

Ce passage de relais devrait débuter au plus tard à l'été 2011, et se poursuivre jusqu'à la fin 2014.

Pendant la période de transition, au lieu d'être en première ligne, les troupes internationales exerceront de plus en plus un rôle de soutien au profit de l'armée afghane, et elles continueront à l'exercer après 2014, a-t-il ajouté.

«Nous resterons après la transition dans un rôle de soutien», a-t-il dit souligné.

«Pour le dire simplement, si les talibans ou qui que ce soit d'autre attend de nous voir dehors, ils peuvent l'oublier. Nous resterons aussi longtemps que nécessaire pour finir le travail», a-t-il affirmé.

Ce tournant majeur et ces engagements ont été pris en présence du président afghan, ainsi que des dirigeants des 20 pays non membres de l'Otan contribuant à l'Isaf, la force internationale sous commandement allié, et du premier ministre du Japon, Naoto Kan.

D'autres grands acteurs en Afghanistan, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, et les dirigeants de l'Union européenne, étaient également à Lisbonne.

Le président américain Barack Obama a promis vendredi dans une tribune de presse que l'Afghanistan ne serait pas abandonné une fois transférée à l'armée afghane la responsabilité de la sécurité, actuellement assumée par les quelque 150 000 soldats des troupes de l'Isaf.

Depuis 2003, jamais l'Alliance atlantique n'a effectué une intervention armée aussi importante, aussi longue et aussi loin de ses bases et une certaine lassitude des opinions publiques occidentales se fait sentir.

Après la mort vendredi d'un autre soldat, le bilan provisoire cette année est passé à 654 décès dans les rangs de l'Isaf, un record. Au total, quelque 2200 militaires étrangers sont morts depuis le début de l'intervention sous commandement américain fin 2001.

L'Afghanistan est aussi à l'ordre du jour du sommet Otan-Russie qui doit avoir lieu avec le président Dmitri Medvedev samedi après-midi, immédiatement après la fin de la réunion des dirigeants alliés.

La Russie va élargir les droits de transit accordés à l'Otan pour l'acheminement par voie ferroviaire d'équipements destinés à l'Isaf. Désormais, les trains pourront aussi transporter du matériel au retour et non plus seulement à l'aller, selon des diplomates.

Les conditions d'acquisition par les forces afghanes de 21 hélicoptères de transport de fabrication russe seront également évoquées, de même qu'un renforcement de la coopération avec Moscou dans la lutte contre le trafic de drogue en Afghanistan, pays d'où provient la majorité de l'héroïne consommée dans le monde.

Le président Karzaï en a profité pour exprimer l'espoir que des «difficultés» liées aux opérations militaires réalisées par les États-Unis en Afghanistan puissent être résolues, après une polémique avec Washington sur le comportement des forces spéciales américaines.