Le hajj touchant à sa fin, les autorités saoudiennes doivent s'atteler au grand nettoyage des Lieux saints dont les rues ont été transformées par les pèlerins en vaste dépotoir.

Lors des quelques jours que dure le pèlerinage annuel, il est devenu quasiment impossible de circuler dans les rues de Mina, une cité de tentes près de La Mecque, sans mettre un masque sur le nez en raison d'une odeur nauséabonde se dégageant des détritus jonchant le sol.

Pourtant, l'islam recommande la propreté, le musulman ayant appris dès son jeune âge qu'elle «constitue la moitié de la foi» selon la tradition.

Mardi, les pèlerins de sexe masculin s'étant rasés le crâne, un rituel de désacralisation, les rues de Mina et des environs de la Grande mosquée à La Mecque se sont couvertes de cheveux et de rasoirs usagés.

Le gros de ces saletés serait l'oeuvre de pèlerins dits «illégaux».

Au total, quelque 2,8 millions de fidèles ont accompli cette année le hajj, soit environ 800 000 de plus que le nombre de fidèles munis d'une autorisation officielle de hajj. Ce dernier chiffre représenterait ainsi le nombre des pèlerins illégaux.

Ne disposant pas de places dans les camps équipés de Mina ou de chambres d'hôtels à La Mecque, ces pèlerins squattent les trottoirs ou séjournent sous les ponts et ou dans les collines rocheuses. Ils campent même dans les rues, au grand dam des piétons.

Certains ont dressé des draps et des couvertures entre les murs et les réverbères pour se faire un peu d'ombre. D'autres, mieux lotis, ont installé des tentes de plage.

Les pèlerins illégaux sont en majorité des étrangers vivant en Arabie saoudite, ainsi que certains Saoudiens.

«Comme je travaille à La Mecque, j'ai décidé d'accomplir le hajj», a déclaré un Egyptien qui a refusé de décliner son identité, assis sur un tapis sous un pont du nouveau métro de La Mecque.

Ces pèlerins, souvent en famille et accompagnés d'enfants, mangent et boivent sur place. Leurs ordures s'entassent autour d'eux.

Certains admettent leur responsabilité: «Nous sommes à l'origine de ces ordures et de cette odeur dégoûtante», dit l'Égyptien Adnan Naji, 26 ans, assis avec deux de ses compatriotes sur une natte dans une rue de Mina, non loin d'une benne à ordures d'où s'écoule un liquide à l'odeur suffocante.

Selon lui, les musulmans, qui n'ont pas les moyens d'effectuer un pèlerinage légal leur offrant un logement décent, «sacrifient ainsi (leur bien-être) pour le hajj».

«Nous avons répondu à l'appel d'Allah pour le hajj», renchérit al-Sayyed Ali Jad, 24 ans, qui, comme Ali, travaille dans le bâtiment.

La petite natte n'offre pas assez de place pour les trois hommes, qui étendent leurs jambes à même le sol non loin d'une flaque d'eau nauséabonde.

Leur compagnon, Nada Qassem, 35 ans, explique que cela ne le dérangeait pas outre mesure car il vivait chez lui dans des conditions similaires.

«Mon niveau de vie n'est pas élevé. Donc, cela ne me choque pas», dit cet Égyptien, venu de son pays pour travailler comme chauffeur durant le hajj, ce qui lui a permis d'avoir un pèlerinage gratuit.

Entre-temps, des éboueurs en combinaison jaune s'emploient à nettoyer et à balayer les rues.

La situation n'est pas meilleure sur le Mont Arafat, où les pèlerins ont passé la journée de lundi, moment fort du hajj, comme à La Mecque où les rues autour de la Grande mosquée sont sales.