Un tout nouveau métro, des tentes climatisées, une mosquée en rénovation. L'Arabie Saoudite a modernisé ses infrastructures au cours des dernières années pour accueillir les 2 millions de fidèles qui convergent annuellement vers La Mecque.

Le pèlerinage - ou hajj - est une obligation pour tout musulman qui en a les moyens physiques et financiers. Mais malgré la construction de nouveaux hôtels - certains très luxueux - la demande reste supérieure à l'offre. Et les prix continuent d'augmenter, à la grande déception de plusieurs fidèles.

«C'est très cher. Les prix des hôtels augmentent beaucoup. Il y a des gens qui nous disent qu'ils ne peuvent pas faire le voyage à cause du prix», confirme Mohamed Amro, directeur de l'agence Voyages Amro Travel.

Selon l'Agence France-Presse, les coûts grimpent en moyenne de 3% à 5% par an, mais ont atteint jusqu'à 15% dans certains cas. Le prix d'un forfait de base incluant transport, repas et hébergement peut varier de 5000$ à 6400$ par personne, selon la durée du séjour.

«Si tu n'as pas les moyens de faire le voyage, l'obligation de le faire ne tient plus, explique Salam Elmenyawi, président du Conseil musulman de Montréal. Il faut d'abord que la personne soit capable de remplir ses obligations financières, de subvenir aux besoins de sa famille.» L'organisme ne fait aucune campagne de financement pour les voyages. «Si on fait une campagne de financement, c'est pour les pauvres et les nécessiteux, pas pour envoyer des gens à La Mecque», ajoute-t-il.

Certaines organisations offrent cependant des commandites pour payer le voyage, en tout ou en partie, aux musulmans qui ne peuvent se l'offrir. Les programmes s'adressent surtout aux convertis.

«L'an dernier, deux personnes ont pu faire le hajj grâce à l'International Association for New Muslims», souligne Geneviève Lepage, porte-parole de l'Association musulmane québécoise. Elle-même a postulé pour une bourse semblable l'an dernier, mais sa candidature n'a pas été retenue. «C'est sûr que si j'en avais les moyens, j'irais chaque année!» dit-elle en riant.

Quotas

Mais même quand ils ont les sous, tous les fidèles ne peuvent pas faire le hajj tous les ans. L'Arabie Saoudite restreint le nombre de visiteurs par pays. Cette année, 3450 visas ont été accordés à des ressortissants canadiens.

«C'est premier arrivé, premier servi», résume M. Amro. Son agence de voyages peut vendre 109 forfaits, mais il assure avoir reçu beaucoup plus de demandes.

«Ils devraient augmenter les quotas. Le nombre de musulmans au Canada a augmenté depuis le dernier recensement, mais les quotas n'ont pas changé depuis six ans», déplore M. Elmenyawi. On compterait environ 850 000 musulmans au Canada.

Le ratio demeure cependant moins élevé pour les Canadiens: dans les pays musulmans, le quota est fixé à 1000 pèlerins pour 1 million d'habitants.

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Le Hajj

Le pèlerinage à La Mecque est le plus grand rassemblement au monde. Il a débuté dimanche dernier, suivant le calendrier lunaire musulman. Hier, les fidèles se sont rassemblés sur le mont Arafat, le moment fort du pèlerinage. Aujourd'hui, ils célèbrent l'Aïd al-Adha, qui consiste à immoler une bête en mémoire d'Abraham. Au moment de mettre sous presse, aucun incident n'avait été signalé. En janvier 2006, 364 pèlerins sont morts piétinés lors d'un mouvement de panique.

Avec l'AFP