Un groupe d'experts américains a peint vendredi un tableau inquiétant du conflit en Afghanistan, appelant le président Barack Obama à envisager une réduction des troupes qui y sont déployées en l'absence de signes de progrès.

Les experts du Council on Foreign Relations (CFR), un centre de réflexion influent, ont dit soutenir la stratégie de l'administration Obama consistant à intensifier les opérations militaires contre les talibans avant un début de retrait des troupes en juillet 2011.

Mais le groupe -dirigé par deux anciens proches conseillers des présidents George W. Bush et Bill Clinton, Richard Armitage et Samuel Berger- a jugé que l'administration Obama allait devoir prendre des décisions difficiles après la remise du premier rapport attendu sur la stratégie afghane fin décembre ou début janvier.

La guerre coûte cher aux États-Unis, relève le CFR, alors que même dans le meilleur des cas «l'ampleur d'une victoire américaine risque d'être réduite».

«Si des progrès sont réalisés, les États-Unis doivent être capables de réduire leurs forces à compter de juillet 2011», ont ajouté les experts.

«Cependant, si les efforts américains ne portent pas leurs fruits, un retrait plus important en vue d'une mission plus réduite se concentrant sur des objectifs de lutte antiterroriste avec moins de forces américaines se justifiera».

Seuls quelque 10 000 à 20 000 soldats américains pourraient ainsi continuer à combattre la rébellion, ont précisé les experts, notant que la plupart des camps d'Al-Qaïda en Afghanistan avaient déjà été détruits depuis le 11-Septembre.

Actuellement, quelque 100 000 soldats américains sont déployés dans le pays.

Barack Obama avait annoncé en décembre 2009 sa nouvelle stratégie en Afghanistan, avec l'envoi de 30 000 soldats supplémentaires assorti d'une date de début de retrait et de transition des responsabilités aux forces afghanes en juillet 2011. Le président assure, depuis, qu'un tel retrait aura bien lieu, mais il reste vague sur son étendue.

Les experts soulignent également que la solution afghane reste «politique» et passe par un «processus de réconciliation» entre les différentes parties.

«Cela nécessite d'assoir autour d'une table un large éventail d'Afghans, et pas seulement ceux du cercle rapproché de (Hamid) Karzai», le président du pays, a souligné Daniel Markey, directeur de projet du rapport.

Autre clef du conflit: le Pakistan qui, selon les experts, doit agir davantage contre les groupes extrémistes tels que Lashkar-e-Taïba (LeT), accusé d'avoir perpétré les attaques de Bombay qui ont fait 166 morts en 2008.

«Si un nouvel attentat comme celui de Bombay a lieu, je ne pense pas que le gouvernement indien restera sans rien faire», a estimé M. Armitage, de même qu'«il sera impossible pour les dirigeants américains de tolérer l'inaction pakistanaise» en cas d'actes terroristes aux États-Unis.

«Pour être clair, nous ne pouvons être victorieux en Afghanistan si nous n'avons pas de changement du côté pakistanais», a insisté l'expert, qui recommande de renforcer la coopération avec Islamabad, par exemple dans le secteur commercial.

«L'un des avantages d'une (mission réduite en Afghanistan) serait que nous serions moins dépendants du Pakistan, parce que nos besoins logistiques seraient plus modestes», a souligné M. Armitage.