Les Émirats arabes unis ont annoncé samedi leur intention d'enquêter sur la thèse de l'attentat dans le crash d'un avion cargo américain à Dubaï malgré l'absence de preuves, au lendemain des allégations d'Al-Qaïda affirmant avoir fait exploser l'appareil.

Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) a affirmé dans un communiqué avoir fait exploser cet avion du groupe de messagerie United Parcel Services (UPS) le 3 septembre, et a revendiqué l'envoi de colis piégés à destination des États-Unis.

L'avion d'UPS s'était écrasé peu après son décollage sur une base militaire émiratie à Dubaï, et les deux membres d'équipage avaient été tués.

«L'enquête menée, les restes de la carcasse de l'avion et les témoignages» ainsi que les informations contenues dans les deux boîtes noires «n'ont pas apporté de preuve d'une explosion» à bord de l'appareil, a affirmé l'Autorité générale de l'Aviation civile émiratie.

Cet organisme a souligné cependant qu'il allait «prendre au sérieux les allégations (d'Al-Qaïda) au sujet de l'explosion et enquêter» à ce sujet.

Le 31 octobre, il avait indiqué qu'aucune trace d'explosif n'avait été trouvée dans les débris de l'appareil. Dans un rapport préliminaire le 5 septembre, il avait dit que le cockpit du Boeing 747-400 s'était rempli de fumée et que l'appareil n'avait pu garder son altitude, puis s'était écrasé.

Une équipe de 20 experts, dont des représentants de l'organisme américain National Transportation Safety Board (NTSB), avait effectué une enquête après le crash.

«Les autorités émiraties vont probablement analyser à nouveau les débris de l'avion, à la recherche cette fois-ci de traces de penthrite», a estimé un analyste qui a requis l'anonymat.

La penthrite, un explosif très puissant, a été découverte dans les colis piégés interceptés à l'aéroport de Dubaï et dans un autre de Grande-Bretagne le 29 octobre en provenance du Yémen et adressés à des institutions juives de Chicago (États-Unis).

Ce même explosif avait été utilisé le 25 décembre 2009 dans un attentat manqué, également revendiqué par Aqpa, contre un avion américain reliant Amsterdam à Detroit (États-Unis).

Un expert basé à Dubaï, Ibrahim Khayat, a émis des doutes quant à la thèse d'un attentat contre l'avion d'UPS.

«Al-Qaïda cherche à s'attribuer la seule chose qui a réussi», les colis piégés ayant été découverts et l'attentat de Noël 2009 ayant échoué, dit-il à l'AFP, se demandant pourquoi le réseau «n'a pas annoncé sa responsabilité dès que le crash (...) a eu lieu».

«Nous avons abattu l'avion appartenant à UPS, mais puisque les médias de l'ennemi ne nous en ont pas attribué la responsabilité, nous sommes restés silencieux jusqu'à ce que vienne le moment de frapper à nouveau», a affirmé Aqpa.

Le chef de la police de Dubaï, le général Dahi Khalfan, a catégoriquement nié tout lien entre le crash et les colis piégés. Il a dit à CNN que la police de Dubaï avait remis à Sanaa «des numéros de téléphone retrouvés sur le colis», qui pourraient leur permettre d'identifier les coupables.

L'organisation internationale de police Interpol a publié une alerte pour aider les services de sécurité des pays membres de l'organisation à repérer les colis du type de ceux piégés par Al-Qaïda. La «Notice Orange» d'Interpol contient des photos et des précisions techniques sur les dernières bombes découvertes et désamorcées à Dubaï et en Grande-Bretagne.

À Berlin, le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière entend présenter lundi à Bruxelles à ses partenaires européens un plan d'urgence pour améliorer la sécurité du fret aérien. «Des mesures nationales (de lutte) sont peu efficaces (...) Il y a des indices à prendre au sérieux d'attentats (à venir) en Europe et aux États-Unis», a-t-il dit.