Au moins 64 fidèles ont été tués et plus de 100 blessés vendredi dans deux attaques, dont un attentat suicide qui a fait au moins 61 morts, contre des mosquées dans le nord-ouest du Pakistan, pays qui baigne dans le sang des attentats des talibans liés à Al-Qaïda et leurs alliés.

À Akhurwall, près de Peshawar, la grande ville du nord-ouest, un kamikaze a pénétré par l'arrière du lieu de culte et fait exploser sa bombe au milieu des fidèles rassemblés pour la grande prière du vendredi, a expliqué à l'AFP Khalid Umarzaï, un haut responsable de l'administration locale. Onze enfants figurent parmi les tués.

Akhurwall est le village d'un notable, Wali Mohammad, qui a levé depuis 2007 une milice tribale pour combattre les talibans. «Nous pensons que les talibans ont perpétré cette attaque», a déclaré à l'AFP Sohbat Khan Afridi, un leader tribal, assurant que les insurgés visaient des membres de la milice.

La maison de Wali Mohammad, attenante, a été partiellement détruite.

«Nous ne sommes pas responsables de cette attaque», a rétorqué Azam Tariq, le porte-parole des talibans pakistanais dans un entretien téléphonique avec l'AFP, assurant que ses hommes «ne ciblent jamais les civils».

L'attentat a fait 61 morts et 104 blessés, selon un nouveau bilan donné à l'AFP par Gul Jamal Khan, un responsable de l'administration locale. «Certains des corps sont méconnaissables», a-t-il dit.

La mosquée a été réduite à un amas de béton, seul un des quatre murs étant encore debout, a témoigné un journaliste de l'AFP. Du sang et des morceaux de chair jonchaient encore les décombres plusieurs heures après l'attaque.

La deuxième attaque a visé une mosquée de Suleman Khel, un village situé à une quinzaine de kilomètres. Au moins quatre grenades ont été lancées sur l'édifice religieux, faisant trois morts et 14 blessés, a déclaré à l'AFP l'administrateur de cet établissement, Hameed Afridi.

Près de 3.800 personnes ont été tuées depuis l'été 2007 à travers le Pakistan dans une vague de plus de 400 attentats et attaques - essentiellement suicide - perpétrés par les talibans pakistanais qui ont fait allégeance à Al-Qaïda et par des groupes alliés.

Les kamikazes visent d'ordinaire les bâtiments officiels et les forces de sécurité mais, ces derniers mois, ils s'en prennent de plus en plus souvent aux civils, y compris dans des lieux saints, notamment des obédiences minoritaire de l'islam au Pakistan, comme les chiites et les soufis, considérés comme hérétiques par les talibans, sunnites radicaux.

Les talibans, qui ont fait allégeance à Al-Qaïda, ont décrété à l'été 2007 le jihad à Islamabad pour son soutien à la «guerre contre le terrorisme» de Washington.

Leur fief, les zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan, sont devenues le principal sanctuaire au monde d'Al-Qaïda, mais aussi la base arrière des talibans afghans.

Les drones de la CIA y mènent quasi-quotidiennement des attaques.

L'armée pakistanaise a perdu plus de 2400 hommes dans les zones tribales depuis fin 2001 quand Islamabad s'est allié aux États-Unis pour pourchasser les responsables des attentats du 11-Septembre. Mais le Pakistan est accusé par certains responsables américains de ne pas faire assez contre Al-Qaïda et certains talibans afghans.

Vendredi, le porte-parole taliban Azam Tariq a accusé «Blackwater», l'ex-compagnie de sécurité américaine rebaptisée Xe, d'avoir perpétré l'attentat de la mosquée d'Akhurwall. Les talibans n'endossent jamais la responsabilité des attaques visant des civils et accusent régulièrement des «barbouzes» américaines de les commettre.

Ces dernières années, l'anti-américanisme a atteint des sommets parmi les 170 millions d'habitants de la République Islamique du Pakistan.