Les autorités françaises ont révélé jeudi qu'un attentat avait été évité d'extrême justesse, de 17 minutes très exactement, en fin de semaine dernière en Grande-Bretagne, lorsqu'avait été découverte la menace d'explosions de colis en provenance du Yémen.

La confidence du ministre français de l'Intérieur, Brice Hortefeux, sur la chaîne de télévision France 2, avait pour but de prouver à l'opinion française la réalité de la menace d'attentats contre les pays occidentaux.

«Il y a eu les colis piégés en provenance du Yémen à destination des États-Unis (...) Un des colis a été désamorcé 17 minutes avant l'explosion prévue», a-t-il déclaré.

C'est en Grande-Bretagne que ce colis a été désamorcé in-extremis, a-t-on précisé un peu plus tard dans l'entourage du ministre.

Jeudi, la Maison-Blanche s'est refusée à confirmer des propos du ministre français: «Je ne dispose d'aucune information qui confirmerait ceci», a déclaré le porte-parole de la présidence américaine, Robert Gibbs, devant la presse.

Interrogée par l'AFP, la CIA s'est de son côté refusée à tout commentaire.

Deux colis piégés en provenance du Yémen et à destination des États-Unis avaient été interceptés le 29 octobre, respectivement en Grande-Bretagne et à Dubaï. Ils étaient adressés à des lieux de culte juifs à Chicago.

L'un des deux paquets avait été découvert à l'aéroport d'East Midlands, dans le centre de l'Angleterre. L'engin était «opérationnel et aurait pu exploser», avait indiqué la ministre britannique de l'Intérieur, Theresa May, en fin de semaine dernière.

Interrogés jeudi, la police britannique et le ministère de l'Intérieur à Londres se sont refusés à tout commentaire.

Selon Washington, les colis piégés ont été conçus par Ibrahim Hassan al-Asiri, l'artificier d'Al-Qaïda. Ils auraient pu exploser en vol ou au sol, selon les autorités des différents pays concernés.

Les explosifs, de la penthrite, étaient dissimulés dans des recharges d'encre pour imprimantes. Le paquet intercepté à Dubaï sur un vol passagers de Qatar Airways en contenait 300 grammes, tandis que celui découvert en Grande-Bretagne après avoir transité par l'Allemagne en contenait 400 grammes.

C'est ce même explosif qui a été utilisé le 25 décembre 2009 dans un attentat manqué contre un avion américain reliant Amsterdam à Detroit. Le dispositif n'avait pas fonctionné complètement et l'homme transportant l'explosif, un Nigérian de 23 ans, avait été grièvement brûlé, la penthrite étant cachée dans ses sous-vêtements.

Dans un discours mercredi, Theresa May a précisé que la bombe découverte à l'aéroport d'East Midlands était «dissimulée tout au fond» de la cartouche d'encre et connectée à un téléphone portable.

«Les caractéristiques de cet attentat - notamment le type d'engin et la façon dont il était dissimulé-- étaient nouvelles pour nous», même si elles présentent des aspects communs avec la bombe qui avait détruit un avion de la compagnie Pan Am en 1988 au-dessus de Lockerbie, en Écosse, a-t-elle précisé.

La découverte de ces colis, à Dubaï et en Angleterre, a entraîné depuis le week-end dernier, une alerte mondiale sur le fret aérien, devenu soudain suspect, alors que les contrôles y sont moins stricts que pour le transport de passagers.

Plusieurs pays ont suspendu tout trafic fret depuis le Yemen, considéré comme une place forte d'Al-Qaïda.

La Grande-Bretagne a étendu cette interdiction à la Somalie en raison «des contacts possibles entre Al-Qaïda au Yémen et des organisations terroristes en Somalie, ainsi que sur des craintes quant à la sécurité de l'aéroport à Mogadiscio», a fait savoir Londres.