De premiers retraits de soldats français d'Afghanistan pourraient avoir lieu au début 2011, a déclaré jeudi le ministre de la Défense Hervé Morin, soulignant que cela n'avait «absolument aucun lien» avec un message de menaces contre la France d'Oussama ben Laden.

«Il y a un rendez-vous qui a été fixé par l'OTAN dans le cadre de la nouvelle stratégie, c'est le début de l'année 2011: en 2011, nous allons transférer toute une série de districts» à l'armée afghane, a-t-il déclaré sur la radio RTL.

«À ce moment-là, il pourra y avoir les premiers déplacements ou retraits des forces alliées d'Afghanistan», a-t-il poursuivi.

«D'ailleurs, c'est le calendrier qui a été fixé par Barack Obama, indiquant qu'au cours de 2011, les premiers soldats américains quitteraient l'Afghanistan. C'est ce que commencent à dire un certain nombre de pays européens», a-t-il ajouté.

Dans un message audio justifiant l'enlèvement de cinq Français au Niger le mois dernier, diffusé mercredi sur la chaîne al-Jazira, le chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, a affirmé que la France ne connaîtrait la sécurité que si elle se retirait d'Afghanistan et cessait «ses injustices» à l'égard des musulmans.

Dans ce court message sonore adressé «au peuple français», diffusé par la chaîne qatarie, ben Laden estime en outre qu'il est «du droit» des musulmans de riposter à l'interdiction du voile islamique intégral en France en utilisant la violence contre les «envahisseurs» français.

Ce message est en cours d'authentification, a assuré Hervé Morin, qui a précisé qu'il n'était «pas impossible» qu'il s'agisse bien d'Oussama ben Laden.

Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), branche maghrébine d'Al-Qaïda, a revendiqué l'enlèvement le 16 septembre sur le site d'une mine d'uranium du groupe français Areva à Arlit (nord du Niger) de cinq Français, d'un Togolais et d'un Malgache. Selon diverses sources, ces otages sont détenus dans le nord du Mali.

«La prise en otages de vos experts au Niger, qui étaient sous la protection de vos agents est intervenue en réaction à l'injustice que vous pratiquez à l'égard de notre nation islamique», a insisté Oussama ben Laden, dans son message mercredi.

«Tout comme vous tuez, vous êtes tués. Tout comme vous prenez des prisonniers, vous êtes pris en otages. Comme vous menacez notre sécurité, nous menaçons votre sécurité», a-t-il ajouté.

Environ 3750 soldats français sont stationnés en Afghanistan, dans le cadre de la force de l'OTAN.

Rappelant que la France est présente en Afghanistan depuis 2001 et «y a fait des efforts considérables» avec «50 compatriotes qui y ont perdu la vie», Hervé Morin a souligné que des «progrès» avaient été faits sur le terrain, en particulier dans la formation des forces de sécurité afghanes.

Dès mercredi soir, le ministre français de l'Intérieur Brice Hortefeux avait affirmé que la diffusion du message d'Oussama ben Laden montrait que la menace d'attentats contre la France était «réelle» et assuré que les services de sécurité faisaient preuve d'une «vigilance totale».

«En l'état actuel de nos informations, ces déclarations ne font que justifier le maintien de notre réponse face à la menace terroriste», avait-il ajouté.