Les ennemis des États-Unis passent au peigne fin les documents sur la guerre en Irak publiés le week-end dernier par WikiLeaks afin de trouver des façons de s'en prendre à l'armée américaine, a déclaré le numéro 2 du Pentagone, mardi.

Le secrétaire adjoint à la Défense, William J. Lynn, a qualifié les documents de «matériel volé» et a affirmé qu'ils donnaient aux adversaires des États-Unis des informations cruciales sur le fonctionnement de l'armée américaine.

M. Lynn a fait ces déclarations devant un petit groupe de journalistes lors d'une brève visite à Bagdad mardi. Il n'a pas dit qui pourraient être ces adversaires ni comment le Pentagone sait qu'ils analysent les documents.

Le Pentagone s'est vigoureusement opposé à la publication des documents, samedi, par le site WikiLeaks. Les remarques du secrétaire adjoint à la Défense interviennent un jour après que le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, eut affirmé à CNN que les quelque 400 000 documents ne mettaient pas les troupes à risque parce qu'aucun nom de soldat ou de civil irakien n'y figure.

Le gouvernement américain a déjà affirmé que la publication de documents secrets sur les guerres en Afghanistan et en Irak menaçaient la sécurité des États-Unis.

WikiLeaks a publié quelque 77 000 documents classifiés sur la guerre en Afghanistan sur son site en juillet. Le Pentagone a conclu qu'aucune source ni pratique américaines de renseignement n'avaient été compromises par la diffusion des documents. Quelques semaines plus tard, le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a déclaré qu'à sa connaissance, aucun Afghan n'avait été tué jusqu'à présent en lien avec la publication des documents.

M. Lynn a indiqué que les informations diffusées par WikiLeaks ne changeraient pas la façon dont opèrent les quelque 50 000 soldats américains déployés en Irak. Il a confié qu'il réfléchissait à des moyens d'empêcher la fuite d'autres documents dans l'avenir, en permettant par exemple aux systèmes informatiques de contrôler les recherches de données inhabituelles.

«Cela paraît plein de bon sens, et je crois que nous n'en faisons pas assez à ce chapitre», a-t-il ajouté.

À Washington, le colonel Dave Kaplan, porte-parole du Pentagone, a déclaré que WikiLeaks pourrait posséder davantage de documents secrets que ce que les responsables américains avaient initialement estimé. Il a refusé de donner plus de détails.

WikiLeaks a déjà publié un demi-million de documents sur les conflits en Afghanistan et en Irak depuis juillet. Le site pourrait également posséder environ 15 000 autres rapports de terrain sur l'Afghanistan, ainsi que 260 000 câbles diplomatiques et enregistrements vidéo en Afghanistan.

Au centre de la controverse WikiLeaks se trouve l'ancien analyste du renseignement Bradley Manning, soupçonné d'avoir transmis les documents secrets au site. Le soldat était posté en Irak quand les autorités américaines l'ont arrêté, en mai dernier. Il fait face à plusieurs accusations de manipulation inadéquate de documents secrets et de mise en danger de la sécurité nationale.