Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a affirmé dimanche à Jérusalem que la recherche d'une solution au différend entre Israël et les Palestiniens sur la reprise de la colonisation risquait de «prendre du temps».

«Malgré les différences d'analyse, ce que nous a dit le premier ministre Benjamin Nétanyahou était encourageant», a déclaré M. Kouchner au cours d'une conférence de presse au terme d'une journée d'entretiens avec les responsables israéliens en compagnie de son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos.

«Oui, il cherche toujours un arrangement, une façon d'agrément qui serait une présentation qui puisse satisfaire à la fois les Palestiniens et le peuple israélien. Il nous dit que les efforts continuent pour trouver un consensus, que ce sera peut-être plus long qu'on ne le croit», a-t-il poursuivi.

Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas exige pour poursuivre les négociations un gel de la colonisation juive en Cisjordanie, qui a repris le 26 septembre à l'expiration d'un moratoire de dix mois décrété par le gouvernement israélien, qui se refuse à le reconduire. La Ligue arabe a avalisé vendredi cette position, mais accordé un mois aux États-Unis pour résoudre ce problème.

Pendant leurs entretiens, MM. Kouchner et Moratinos ont estimé que c'était «un moment important dans le processus de paix».

«C'est un moment que nous n'avons pas voulu manquer, nous allons pouvoir profiter de notre présence pour dire que l'Europe, les 27 pays, ont cette position» sur l'urgence d'un État palestinien, a déclaré le ministre français au moment de rencontrer le ministre israélien de la Défense Ehud Barak.

«C'est maintenant, il faut qu'il y ait un État palestinien qui vive en paix avec l'État israélien, c'est absolument indispensable pour la région et le monde entier, les choses iront mieux après», a-t-il souligné.

Dans une entrevue publiée dimanche par le quotidien palestinien Al-Ayyam, M. Kouchner a affirmé que Paris n'excluait pas un examen par le Conseil de sécurité de l'ONU de la création d'un État palestinien, en cas «d'impasse prolongée».

«La création d'un État palestinien est le gage d'un avenir de paix. Il doit procéder des négociations bilatérales. Mais la communauté internationale ne saurait se satisfaire d'une impasse prolongée. Je crois donc qu'on ne peut pas écarter par principe l'option du Conseil de sécurité», a-t-il expliqué, soulignant que la «priorité» actuelle était «la poursuite des négociations en vue d'un règlement de l'ensemble des questions du statut final».

Les deux ministres européens se sont entretenus successivement avec MM. Barak et Nétanyahou, le président Shimon Peres, la dirigeante de l'opposition Tzipi Livni et enfin le ministre des Affaires étrangères, le turbulent populiste Avigdor Lieberman.

Ce dernier, fidèle à sa réputation, n'a pas fait mystère de son opinion : «Avant de venir ici nous dire comment régler nos conflits, je me serais pour le moins attendu à ce que vous puissiez résoudre tous vos problèmes en Europe», leur a-t-il dit, cité par tous les médias israéliens.

MM. Kouchner et Moratinos ont aussi brièvement rencontré le père de Gilad Shalit, le jeune soldat israélien, également de nationalité française, prisonnier du Hamas à Gaza depuis juin 2006.

«Ce sont deux acteurs importants de l'Union européenne qui sont venus nous montrer leur soutien. Nous croyons qu'ils peuvent faire pression sur le Hamas bien qu'officiellement ils n'aient pas de contact avec lui», a dit Noam Shalit, qui campe à proximité de la résidence du Premier ministre à Jérusalem.